En octobre 2057 survint une vague de résurrections : 1,618 % de la population, quels que soient les continents sur la planète, renaissait six jours après avoir décédé.
Aucunes prémices de leur vivant, que le décès soit brutal ou attendu, ne permettaient de repérer si le passage de vie à trépas serait définitif ou transitoire.
Les familles organisaient, tant bien que mal, les enterrements en ménageant les deux options et leurs inhérentes contradictions.
Si leur douleur était réelle, elle n’en était pas moins mâtinée d’une lueur d’espoir qui en troublait la pureté.
Les crémations étant suspendues, la réfrigération des cadavres aurait pu pallier au lourd terrassement mais on se heurtait alors à un problème majeur de places.
Un tas de techniques firent leur apparition afin de détecter au plus tôt ces récusés de la Camarde : caméra, détecteur d’haleine, électrocardiogramme, électroencéphalogramme, thermomètre anal à demeure, poche à urine et détecteur de gaz visant à saisir une reprise du transit, cercueil à ouverture automatique programmée sur 144 h post mortem avec fermeture immédiate en cas « d’erreur », surnommé dans le jargon : « L’huître » Etc.
De nombreuses familles n’avaient pas le sou pour assurer à la fois l’enterrement et la fête qui seyait deux jours après.
Des entreprises de pompes funèbres couplèrent leur activité avec celle du commerce festif et l’on vit fleurir les forfaits : Funérailles avec ou sans Feux grégeois, Lacrymogène/Gaz hilarant, Masques du théâtre Nô, Mourrez et ressuscitez nous ferons le reste ! Etc. Elles rivalisaient d’ingéniosité afin, qu’à vil prix, les proches puissent garder la tête haute face à leurs voisins.
En février 2058, la situation était telle que de nombreuses familles assassinaient leur ressuscité, dont 1,618 %…
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