« Le cancer du foie augmente de façon très inquiétante dans le monde mais aussi en France ». À l’occasion du congrès PHC 2020 (Paris Hepatology Conference, 13-14 janvier) organisé par le Pr Patrick Marcellin, plusieurs hépatologues ont alerté sur la forte progression du cancer du foie et le risque « d'épidémie » dans les années à venir. Actuellement au troisième rang au niveau mondial, avec plus de 800 000 décès/an, ce cancer pourrait passer en tête dans les 10 ans qui viennent, selon l’OMS.
Cette prédiction reflète la progression de certaines maladies chroniques du foie au cours de la dernière décennie. « Toute atteinte chronique du foie qu’elle soit liée à un virus, à l’alcool ou à l’obésité peut entraîner une fibrose puis une cirrhose du foie laquelle peut entraîner à son tour un cancer ; c’est un continuum » a rappelé le Dr Marc Bourlière, président du comité scientifique du congrès.
En France, les données du PMSI chiffraient à près de 32 000 le nombre de nouveau de cas annuels sur la période 2009-2012 dont 44 % en lien avec l’alcool ; 8,1 % et 2,8 %, attribuables à une hépatite C ou B et respectivement 8,7 % et 36,4 % de cause mixte ou inconnue. Depuis la donne a changé. L'alcool reste la première cause de cancer du foie, mais on observe une augmentation de l’incidence du carcinome hépatocellulaire sur stéatose hépatique non alcoolique.
De la NASH au cancer
Fortement liée à l'obésité, le diabète et le syndrome métabolique, cette stéatose hépatique non alcoolique (ou NAFLD) est devenue en quelques années une cause majeure de maladie chronique du foie dans les pays occidentaux. Dans 5 à 10 % des cas, elle évolue vers une stéatohépatite non alcoolique (ou NASH) susceptible de provoquer une cirrhose ou un cancer du foie.
En France, une récente étude fait état de 18 % d’adultes souffrant d’une NALFD, soit près de 8 millions de personnes. Sur ce total, 220 000 sujets seraient atteints d’une NASH associée à une fibrose sévère.
Une étude publiée en 2018 prédit par ailleurs une augmentation de 100 % des cas de NASH en Europe de l'Ouest entre 2015 et 2030.
Dans ce contexte, les hépatologues plaident pour un dépistage plus large des maladies hépatiques. Ce d’autant, qu’on sait désormais que le continuum entre fibrose et cancer peut être réversible si la cause de l’inflammation hépatique est arrêtée.
Spécialiste de la NASH, le Pr Lawrence Serfaty (Strasbourg) plaide par exemple pour la réalisation d'un FIB-4 (test non invasif de fibrose basé sur l'âge, plaquettes, les ASAT et les ALAT) chez tous les patients diabétiques de type 2 ou obèses. Si le résultat du test est supérieur à 1,3 le patient doit être adressé à un spécialiste.
Pour sa part, le Pr Marcellin milite depuis longtemps pour un dosage plus systématique des transaminases lors de bilans biologiques.
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