La pratique des médecins évolue. Sur le terrain, les éditeurs de logiciels de gestion de cabinet (LGC) sont de plus en plus sollicités pour des cabinets pluridisciplinaires, des cabinets de groupe ou des maisons de santé. « C’est une tendance. Le phénomène sociologique est clairement amorcé », souligne Alain Missoffe, président de Cegedim Healthcare Software, la nouvelle division du groupe Cegedim dont fait partie CLM (Cegedim logiciels médicaux). Et il ajoute : « Sur ce front, nos logiciels sont particulièrement adaptés ». CLM affiche en effet de bons résultats dans les centres de santé et les grosses structures. L’acquisition de RM Ingénierie avec ses logiciels paramédicaux place le groupe en bonne position pour équiper des maisons santé pluridisciplinaires. En tout état de cause, selon M.Missoffe, « le rôle des ARS favorisera le développement des systèmes d’information. »
« Le regroupement des médecins entre eux ou avec des paramédicaux est une tendance forte du marché qui nous oblige à proposer des produits partagés, explique également Daniel Israël, le fondateur de Sephira, notre gamme Kios pour les auxilliaires (kiné, infirmier, orthophonistes) a le même moteur que Medicawin pour les médecins. Tous nos logiciels communiquent entre eux. Et des versions d’Intellio existent pour les différents professionnels de santé. »
De même chez CompuGroup Medical France, le sujet en pointe, « c’est l’adaptation de l’offre aux nouvelles conditions d’exercice », précise Eddie Anoufa, son président. Ce qui signifie identification et traçabilité, gestion d’accès simultanés à la base de données patients. « La base de données Firebird (N.D.L.R. sur laquelle est bâti AxiSanté 5) l e permet jusqu’à cinq ou six médecins mais nous envisageons SQL, voire Oracle en complément d’offre. Pour les maisons de santé, nous sommes en train de construire une offre globale paramétrable. »
Marilyne Minault, directrice générale d’Imagine Éditions, qui va inaugurer de nouveaux locaux en juin, note elle aussi que « les médecins se regroupent ». Cela fait longtemps qu’Hellodoc équipe les maisons médicales de garde en assurant leurs statistiques et qu’ infirmière et kiné disposent de versions spécifiques.
Pour les éditeurs 100 % médecins, l’effort doit aussi porter sur la facturation qui est différente entre les différentes professions de santé. Impossible de donner un logiciel de télétransmission auxiliaire à un prescripteur.
En tout cas, le pli est pris et l’adaptation en cours. « Des installations en monoposte, on n’en fait presque plus alors qu’on équipe les cabinets en réseau et qu’on a des demandes d’études pour des maisons de santé médecin-kiné par exemple », dit Martial Bellegarde chez Fisi. « Les médecins qui s’installent ne s’installent pas tout seul, ou ne le restent pas longtemps, constate Yves Martin d’Ouvrez-la-Boîte, les infirmières et les kinés tiennent un dossier médical assez léger que l’on peut paramétrer à partir du logiciel médecin. Il faut leur ajouter un document de synthèse. »
Toutefois, même si le président de la République veut en doubler le nombre, les maisons de santé ne constituent pas un marché bien identifié. Ce type de structures ne dispose pas encore de financement pérenne, ni de statuts clairs, prévient M.Missoffe. Et Thierry Kauffmann, président de la FEIMA (Fédération des éditeurs en informatique médicale ambulatoire) rappelle que le problème de partage d’informations entre professionnels de santé n’est pas résolu. Même si sa société, Prokov Éditions, dont la clientèle santé est 100 % médecins, a développé la gestion des droits d’accès en installant Médistory dans des maisons de garde ou dans des services de cliniques.
Objectif télétransmission
L’annonce d’une prochaine taxation des feuilles de soins papier à hauteur de 50 centimes (qui entrerait en vigueur le 1er mai) a incontestablement poussé des médecins jusqu’ici récalcitrants (voir pages 10 et 11 leurs raisons) à s’équiper pour la télétransmission. Selon les chiffres du GIE SESAM-Vitale, ils sont plus de 3 500 médecins à avoir rejoint les rangs des télétransmetteurs entre janvier 2009 et janvier 2010. Hellodoc qui diffuse Hellodoc Éditions Spéciale (gratuit avec maintenance à 200 euros/an) a gagné 100 télétransmetteurs/mois depuis septembre, deux à trois cents en incluant les auxiliaires et les dentistes. L’effet est plus sensible encore chez CLM où près de 2000 télétransmetteurs se sont ajoutés en un an. Tandis qu’Axilog attirait avec Axiam (24 euros/mois) un demi-millier de nouveaux adeptes de la carte verte et Prokov environ250.
Les modèles dits de services en ligne ont de l’avenir et CompuGroup y croit. Pour ne pas rater le créneau porteur de la télétransmission, le groupe lance son offre de télétransmission e Vitale couplée ou non avec le dossier médical en ligne Medicalnet (400 utilisateurs aujourd’hui) et un abonnement Réseau santé social . Convaincu que « l’hébergement des solutions et des données, c’est l’avenir, nous voulons utiliser nos capacités pour fournir de nouveaux services en ligne, en intégrant les services comme l’historique des remboursements ou avec l’offre de sauvegarde en ligne Fortidata. » De son côté, CLM a peaufiné ResipFSE en ligne montrée l’an dernier au MEDEC et le commercialise sous le nom de e FSE.
« C’était l’année ou jamais de venir au MEDEC », souligne Gilles Morard-Lacroix, co-gérant d’Aatlantide, dopé par ses 90 nouvelles licences mensuelles sur les 5 derniers mois. Du coup, cette petite société spécialisée dans la télétransmission en ASP (logiciel en ligne) avec acteurFSE qui compte 1 500 clients (professions libérales et centres municipaux de santé, 110 000 FSE télétransmises/mois) a complété son offre d’un dossier médical destiné aux prescripteurs (acteurdm.net) et ouvert un site de gestion médicale en ligne, acteur.fr. Le dossier, testé dans des centres de santé équipés d’Acteur FSE, est lancé au MEDEC à 24,90 euros/mois (logiciel + télétransmission, + cinq euros/médecin pour un cabinet de groupe).
Les éditeurs de solutions intégrées autonomes pour la télétransmission semblent bien placés pour séduire les médecins qui n’ont pas encore d’ordinateur. Sephira assure avoir installé 2 000 Intellio en 2009. Chez CBA (non présent au MEDEC), Marc Birling confirme une bonne année 2009, supérieure à 2008 et annonce pour 2010 « une année où nous allons renforcer notre offre et nos services, dont l’envoi des FSE sous IP par ADSL ». Deux développements nouveaux : la communication d’In’Di avec le PC pour récupérer les facturations pour la comptabilité et la possibilité de faire des sauvegardes sélectives afin de diminuer le temps passé et donc les coûts de communication. Marc Birling observe aussi la progression de la carte bancaire demandée par 50 % des nouveaux clients. Fabien Lellouche annonce pour Saficard (Ingenius) « une année 2010 très offensive, on s’est agrandi, on a embauché, on a mis en place un réseau de six distributeurs et un partenariat avec Hellodoc pour mieux diffuser notre mise à jour carte Vitale Vitajour ». Nogema, éditeur de Pocket Vital, compte agrandir son parc d’utilisateurs (1 000 professionnels de santé) avec sa solution formée d’un lecteur de carte Vitale (Baladeur de Xiring) relié à un Pocket PC communicant (smartphone en développement) par Bluetooth ou Wi-Fi. Complet et transportable, Pocket Vital gère l’agenda, un répertoire, des fiches patient et assure la télétransmission via un téléphone mobile ou une box internet (49 euros/mois). (voir sur le site quotimed.com, les fiches sur les solutions intégrées, rubrique Informatique pratique.)
Le rôle de l’ASIP Santé
Depuis sa mise en place l’an dernier, les éditeurs de LGC ont un nouvel interlocuteur, l’agence pour les systèmes d’information partagés en santé, soucieuse de donner un cadre d’interopérabilité aux systèmes d’information de santé, qui a été publié en octobre 2009. Nombre d’éditeurs ont développé des connecteurs vers les dossiers partagés des plates-formes régionales. Sept régions sont mobilisées (Aquitaine, Bretagne, Franche-Comté, Île de France, Languedoc-Roussillon, Picardie et Rhône-Alpes) afin de préparer les DMP dont l’hébergeur vient d’être choisi (consortium La Poste-Atos Origin).
Les éditeurs sont dans ce domaine soit très attentiste (surtout les petites sociétés), soit très actifs dans plusieurs régions. Medistory en Alsace, aquitaine, Picardie (en test). Hellodoc et Axisanté en Alsace, Aquitaine, Franche Comté, etc.. ; CLM se concentre sur le DM Pro et l’intégration de l’historique des remboursements. Medicawin est intégré dans le dossier Rhône Alpin pour l’envoi et la récupération des données.
Autre sujet pour l’ASIP : le développement des échanges sécurisés. La parution du décret dit « confidentialité des échanges » a été repoussé au 2e trimestre. Du coup, le Conseil national de l’ordre des médecins a retardé le lancement de sa messagerie sécurisée en medecin.fr mais les médecins pourront bientôt réserver leur adresse sur le site du CNOM qui vient d’être refait. Sur le terrain, rien ne presse. La demande n’augmente pas vraiment, explique-t-on chez CLM qui intègre la messagerie SMM à tous ces logiciels sans avoir l’impression que « ça décolle ». Hellodoc a testé en Bretagne avec succès sa messagerie sécurisée homologuée qui est intégrée dans son logiciel.
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