HÉPATOLOGIE

Les maladies du foie : l’importance du dépistage

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Publié le 19/01/2018
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Les pathologies hépatiques sont mieux prises en charge, avec en particulier de plus en plus de malades guéris de leur hépatite C. Cependant, la prévalence de ces affections reste importante. Détecter le plus tôt possible une anomalie est indispensable.
Scanner foie

Scanner foie
Crédit photo : SIMON FRASER/FREEMAN HOSPITAL NE

«Les maladies chroniques du foie restent extrêmement fréquentes dans le monde comme sur notre territoire. Un Français sur cinq est porteur d’anomalies touchant cet organe », indique le Pr Patrick Marcellin, hépatologue, organisateur du congrès annuel Paris Hepatology Conference, dont la 11e édition s’est tenue les 15 et 16 janvier derniers. Dans le monde, 844 millions de personnes sont atteintes de maladies chroniques du foie, responsables chaque année de plus de deux millions de décès (BMC Med, 2014). En comparaison, le diabète touche 422 millions d’individus pour 1,6 million de décès/an.

Les maladies du foie demeurent souvent et longtemps silencieuses, même à un stade de cirrhose. Beaucoup de ces pathologies, quelle que soit leur cause – virus, alcool, stéatose –, peuvent évoluer en fibrose, voire en cirrhose, puis en cancer du foie – dont on compte chaque année 9 000 cas en France, pour près de 7 000 décès. Aussi, est-il important de détecter le plus tôt possible une anomalie hépatique : « le dosage systématique des transaminases lors de tout examen de routine constitue aujourd’hui le meilleur outil pour dépister à grande échelle les maladies du foie, encore trop souvent négligées. Ce dosage a tous les critères de l’OMS pour être utilisé comme outil de dépistage : il est simple, fiable, rapide, pas cher, sensible et spécifique », insiste le Pr Marcellin.

Dosage des transaminases

Des transaminases (ASAT, ALAT) augmentées sont généralement le signe d’une nécro-inflammation hépatique. Il existe généralement une corrélation entre l’élévation de ces enzymes et le degré d’inflammation de la maladie. « Cependant, même une élévation minime doit faire l’objet d’un bilan étiologique pour ne pas passer à côté d’une maladie chronique évoluant à bas bruit », précise le Pr Marcellin.

Le bilan étiologique doit bien sûr rechercher l’alcool et les causes virales. Mais si aucun de ces facteurs n’est retrouvé, une stéatose peut être évoquée. « C’est une affection mal connue et sous-diagnostiquée, en médecine générale mais aussi dans beaucoup de spécialités », indique le Pr Lawrence Serfaty, chef du département hépatologie de l’hôpital Hautepierre (université de Strasbourg). Si sa prévalence est parallèle à l’épidémie d’obésité et de diabète, « il arrive que cette pathologie survienne chez des sujets de poids normal. Une personne consommant beaucoup de soda, de fructose et d’acides gras saturés peut être concernée ».

Prise en charge d’une NASH

En France, on estime que 10 millions de personnes sont touchées par une stéatose, généralement bénigne. Cependant, dans 10 à 20 % des cas, elle peut évoluer vers une NASH (Non Alcoholic SteatoHepatitis), elle-même susceptible de se compliquer en cirrhose et carcinome hépatique. Très souvent, le cancer survient en l’absence de cirrhose préalable. Différentes explorations sont réalisées pour évaluer la fibrose, mais la biopsie hépatique est l’examen de référence en cas de NASH.

Beaucoup de travaux doivent être encore menés, en particulier dans le domaine thérapeutique. Pour l’heure, aucun traitement pharmacologique n’a été approuvé, même si une cinquantaine de molécules font l’objet d’études via environ 250 essais thérapeutiques à travers le monde. La prise en charge de ces patients repose sur des mesures hygiéno-diététiques, avec baisse du poids, contrôle de la consommation d’alcool (voire abstinence), du diabète et de l’hypercholestérolémie.
 

En 2017, plus de 18 000 personnes ont guéri de l’hépatite C

Le baromètre de l’éradication du VHC est un outil qui permet de suivre l’incidence de l’hépatite C en France métropolitaine, il peut être consulté sur le site savoir-c-guerir.com. D’après les modélisations et les enquêtes épidémiologiques menées en 2004 et 2011, on estime qu’il restait, en janvier 2014, 170 000 patients porteurs du virus. En se servant de différentes données dont les ventes de traitements, on estime qu’en 2017, 18 236 patients ont guéri de l’hépatite C. Ce qui représente, depuis le 1er janvier 2014, environ 50 000 personnes.

 

Dr Nicolas Evrard

Source : lequotidiendumedecin.fr