Les médecins ont déclaré 925 cas d’incidents au Conseil national de l’Ordre (CNOM) entre le 1er janvier et le 31 décembre 2013.
C’est le plus grand nombre d’agressions physiques, verbales, vol et vandalisme jamais recensés depuis 2003, année de naissance de l’Observatoire pour la sécurité des médecins, chargé de collecter et d’analyser les données. En augmentation de 16 % par rapport à 2012, les agressions recensées ont d’abord lieu dans le Nord (48 cas) et en Seine-Saint-Denis (45), départements où les professionnels sont confrontés de longue date à une violence endémique. Il faut néanmoins souligner l’amélioration relative des conditions d’exercice dans le « 93 », qui enregistre en trois ans une baisse de 33 % du nombre d’incidents déclarés. 40 médecins parisiens ont également été visés.
Des nouvelles zones urbaines à risques
En 2013, la violence contre les praticiens s’étend à de nouvelles zones urbaines. Le Rhône enregistre une recrudescence d’incidents de 52 % (29 cas), la Loire de 42 % (37 cas). Ce département détient le triste record du taux de « victimation », c’est-à-dire le rapport entre le nombre d’incidents et le nombre de médecins en exercice. La Charente-Maritime recense 19 professionnels agressés en 2013, soit une augmentation de plus de 500 %. Partout, le même constat : les incidents ont le plus souvent (58 %) lieu en milieu urbain, plus précisément en centre-ville. Les banlieues sont le théâtre de 23 % des événements, le milieu rural de 14 %.
La violence frappe d’abord les généralistes
C’est une constante. Depuis une décennie, les généralistes sont les premiers praticiens à souffrir de la violence et des incivilités au quotidien. En 2013, les médecins de famille représentent 58 % des victimes (531 déclarations) alors qu’ils ne constituent que 46 % du corps médical ; 66 ophtalmologues ont déclaré un incident à l’Ordre en 2013 (20 de plus qu’en 2012). Parmi les autres spécialistes touchés, 35 psychiatres, 29 gynécologues-obstétriciens, 24 dermatologues, 21 médecins du travail et 20 urgentistes ont fait une déclaration d’incident.
Si le sexe importe peu (55 % des victimes sont des hommes), le mode d’exercice pèse davantage : 75 % des professionnels agressés exercent en libéral (20 % dans le cadre d’une activité en établissement de soins).
Le patient, agresseur dans la moitié des cas
Sans surprise, le patient est l’assaillant du médecin dans un cas sur deux. 16 % des incidents sont le fait d’une personne accompagnant le patient et 15 % d’une tierce personne (un membre de la famille le plus souvent). Un médecin sur cinq refuse de catégoriser son agresseur. Par crainte des représailles ?
Le recours à l’arme reste rare
L’utilisation d’une arme reste marginale - 4 % des incidents déclarés. Parmi les 35 médecins à avoir été victimes d’une arme, 12 ont dû se protéger d’un couteau ou d’un cutter, six d’un revolver ou d’une arme automatique, trois d’une canne. Le parpaing fait son entrée dans le tableau, rejoignant la barre de fer, le fusil et la hache. La bombe lacrymogène et la chaise n’ont eu aucun signalement en 2013. À noter : l’Ordre ne fait pas la différence, parmi les 96 % autres médecins, entre ceux qui nient le port d’arme et ceux qui préfèrent se taire.
Atteintes aux personnes : 96 cas de coups et blessures volontaires
Très majoritaires (720 cas, 78 % des déclarations), les atteintes à la personne sont en progression de quatre points entre 2012 et 2013. Il s’agit le plus souvent d’injures et de menaces, harcèlement par téléphone ou chantage (69 % pour tous ces items). Plus grave, 104 médecins (11 % des incidents recensés) ont subi une agression physique (dont 96 cas de coups et blessures volontaires, 3 séquestrations, 2 tentatives d’homicide, une agression sexuelle...)
Motifs : le cœur de l’exercice ciblé
En 2013, on s’en prend à son médecin essentiellement pour un reproche relatif à une prise en charge (304 incidents, 33 % des cas), un vol (155), un refus de prescription (152) et un temps d’attente jugé excessif (102). C’est donc ici le cœur du métier qui est pris pour cible.
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