Nicolas Dufriche, baron Desgenettes qu’ Alexandre Dumas décrira plus tard comme « un vieux paillard très spirituel et très cynique » a laissé son nom dans l’histoire pour la passe d’armes qui l’opposa à Napoléon à propos des pestiférés de Jaffa, durant la campagne d’Orient.
Le médecin qui avait soutenu sa thèse en 1789 à Montpellier sur « la physiologie des vaisseaux lymphatiques », après avoir travaillé un temps pour le laboratoire de Chaptal prit fait et cause pour les Girondins durant la Révolution. La plupart de ses amis ayant fini sur l’échafaud sous la Terreur, Desgenettes se réfugie à Rouen avant de se résoudre à une carrière militaire. Comme il maîtrise bien la langue italienne, il est affecté à l’hôpital ambulant de l’Armée de la Méditerranée. C’est là qu’il fait la connaissance dd’un jeune capitaine d’artillerie nommé Bonaparte. Le courant passe si bien entre les deux hommes que le futur Napoléon se souviendra de lui, quand de retour à Paris, après le traité de Campo Formio, il obtient du directoire que son protégé Desgenettes soit attaché à l’Armée d’Angleterre. Puis, le 22 mars 1798, Desgenettes reçoit l’ordre de se rendre à Toulon pour remplir les fonctions de médecin-chef de l’Armée d’Orient.
Le corps expéditionnaire va devoir à son arrivée en Orient faire face de nombreuses maladies et, surtout, en traversant le désert de Syrie, à une effrayante épidémie de peste qui décime les troupes. Desgenettes refuse que quiconque prononce le nom de peste pour ne pas miner plus le moral des soldats et utilise lui-même en parlant de la maladie les termes de fièvre bubonneuse ou de maladie des glandes, allant même un jour, pour prouver que la salive des pestiférés n’était pas contagieuse, jusqu’à boire dans le bol d’un malade.
Desgenettes à Napoléon : « Mon devoir à moi est de sauver ces malheureux ! »
Arrive ce fameux 28 avril 1798 où Bonarparte doit lever le siège de Saint-Jean d’Acre et demande à Desgenettes, en présence du maréchal Berthier, d’abréger la vie des malades en leur donnant de l’opium pour qu’ils ne soient pas massacrés par les Turcs . Desgenettes refuse d’obéir à Napoléon lui rétorquant « Mon devoir à moi est de sauver ces malheureux ! »
Desgenettes s’attire les foudres de Bonaparte mais réussit à obtenir qu’une arrière-garde reste à Jaffa pour prendre soin des pestiférés. Contraint de quitter la ville, Bonaparte va cette fois demander au pharmacien Royer d’administrer du laudanum aux plus atteints pour précipiter leur mort...
Cet épisode va encore un peu plus brouiller Napoléon et Desgenettes et alors qu’un jour, à l’Institut d’Egypte au Caire, Bonaparte affirme que « la chimie esr la cuisine des médecins », Desgenettes lui rétorque : « Et vous, comment définissez-vous la cuisine des conquérants ? »
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