INVITÉE des « Rencontres parlementaires » organisées à l’Assemblée nationale autour du thème de la médecine de proximité, Élisabeth Hubert a dressé un assez sombre tableau de la situation, presque un an après la remise à Nicolas Sarkozy du rapport qu’il lui avait commandé sur ce même thème.
L’ancien ministre de la Santé (et actuelle présidente de la FNEHAD) a rappelé qu’en remettant son rapport au président de la République en novembre 2010, elle avait souligné qu’il fallait au plus vite prendre des mesures pour redorer le blason de la médecine libérale de proximité. « Mais manifestement, le temps politique n’est pas calqué sur celui de la vraie vie », a-t-elle regretté, ajoutant qu’elle jugeait le bilan « en demi-teinte, et même un peu sombre ».
En matière de formation initiale, Élisabeth Hubert a estimé qu’il n’était pas étonnant que les étudiants boudent la médecine générale alors qu’ils sont immergés en CHU durant leur cursus. Un stage de découverte de la médecine générale est normalement obligatoire en 4e ou 5e année (8 semaines) mais selon l’ancien ministre, « seule une faculté sur trois l’organise réellement ». Pour Élisabeth Hubert, ces stages pourraient néanmoins être organisés « rapidement et sans grand coût ».
Le bilan n’est guère meilleur au chapitre de l’informatisation. Si Élisabeth Hubert donne un satisfecit au DMP, « qui avance lentement, mais mieux qu’on ne le pense », c’est pour mieux regretter qu’on continue, selon elle, à financer des programmes d’informatisation, notamment en maisons de santé pluridisciplinaires, « qui ne se parlent pas, qui ne sont pas communicants. Chacun construit son petit système dans son coin sans se préoccuper du reste ».
Pas de réforme de structure.
Un petit dégagement sur les maisons de santé, « dont certaines ne méritent pas l’appellation », et Élisabeth Hubert conclut son intervention : « On n’a pas osé les réformes de structure », déplore-t-elle, laissant entendre que son rapport avait...finalement connu le même sort que de nombreux autres, célébrés lors de leur publication, mais dont les préconisations n’étaient pas mises en œuvre.
Intervenant peu après, le Pr Benoît Schlemmer, doyen de la faculté de médecine Paris-Diderot, adoptait la même tonalité qu’Élisabeth Hubert. Pour lui, « il faut refondre le cursus pour que la médecine générale ne soit plus un choix par défaut ». Il regrette que les stages de médecine générale soient souvent organisés à mi-temps et ne permettent pas « une immersion totale ». Le Pr Robert Nicodème, président de la section formation et compétences médicales à l’Ordre national des médecins, tient à peu près le même discours : « Ce sont les derniers à l’ECN (épreuves classantes nationales) qui choisissent la médecine générale », lance-t-il, fataliste.
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