REGARD sur les romans traduits de janvier à mars en français et dont les auteurs sont présents à Paris.
* « Situation provisoire » (Gallimard), de Gabriela Adamesteanu (51 ans, elle a été nommée pour le prix Jean-Monet de littérature européenne pour son premier roman, « Vienne le jour », écrit en 1975), plonge le lecteur dans la Roumanie des années 1970 à travers la relation adultère qu’entretiennent deux fonctionnaires du régime communiste ; leur pauvre histoire fait ressortir la tristesse, la peur et le mensonge dans un univers kafkaïen.
* Radu Aldulescu, 59 ans, a travaillé jusque récemment à l’usine ou sur les chantiers et a attendu la fin du régime de Nicolae Ceausescu pour publier son premier roman ; il a signé le scénario du film « Terminus Paradis », grand prix du Jury au Festival de Venise. Il décrit, dans « L’Amant de la veuve » (Syrtes) le parcours d’un jeune homme rebelle à toute autorité qui apprend à survivre sous le régime communiste ; alors qu’un bel avenir de boxeur se dessine, sa vie bascule.
* Après que les Tchèques lui ont accordé en 2007 leur grand prix de Littérature, « Siméon l’ascenseuriste » (Gingko) est traduit en français. Auteur de huit ouvrages, Petru Cimpoesu (61 ans, ancien ingénieur de l’extraction du pétrole roumain et maintenant directeur dans un service régional de la culture) y montre comment les vies apparemment tranquilles de locataires d’un immeuble sont bouleversées lorsque l’ascenseur tombe en panne.
* Devenu romancier après des études de lettres mais aussi scénariste – il a fait partie de l’équipe du film « 4 mois, 3 semaines, 2 jours » –, Razvan Radulescu (44 ans) a reçu le prix du Premier ouvrage de l’Union des écrivains roumains pour « la Vie et les agissements d’Ilie Cazane » (Zulma). Où la vie tranquille du héros se transforme en cauchemar parce qu’il a le don de faire pousser des tomates géantes, ce qui, sous le régime de Ceaucescu, est considéré comme un crime inconcevable.
* Seule femme de la sélection, Adina Rosetti (34 ans, diplômée d’économie et de journalisme, rédactrice en chef du magazine « Elle ») part, dans « Deadline » (Mercure de France), de la mort d’une employée de bureau qui vivait seule à Bucarest avec son chat ; l’information ayant été lancée sur le Net, c’est toute la ville qui s’émeut et les gens se rassemblent pour comprendre les raisons de la mort d’une personne si jeune et sans histoires.
* Lucian Dan Teodorovici (38 ans, auteur de trois romans et trois recueils de nouvelles, directeur de la collection de littérature contemporaine qui a révélé aux Roumains l’existence de leur jeune littérature au tournant de l’année 2000) a remporté plusieurs prix pour son dernier roman « l’Histoire de Bruno Matei » (Gaia). Le récit se situe dans la Roumanie de la fin des années 1950, le héros est un marionnettiste, un personnage tragique et candide qui souffre d’amnésie ; ayant tout oublié des dix ans qu’il a passés en prison et en camp de travail, il vit une histoire d’amour pour le moins étrange.
* Personnage important dans l’histoire des lettres roumaines du siècle dernier car il a dirigé, à partir des années 1970, la revue « Echinox », dont l’activité littéraire apolitique a permis de réunir des centaines de contributions, Eugen Uricaru (67 ans, auteur de 11 romans, secrétaire de l’Union des écrivains de Roumanie) nous ramène, dans « la Soumission » (Noir sur blanc), dans l’immédiat après-guerre, alors que Petra, qui est roumaine, est déportée dans un camp de Sibérie en compagnie de femmes allemandes et magyares ; enceinte, elle est renvoyée chez elle et accouche d’un garçon doté d’étranges pouvoirs.
* Matéi Visniec, 57 ans, a demandé l’asile politique à la France en 1987, une trentaine de ses pièces écrites en français sont étudiées et il est l’un des auteurs les plus joués au festival d’Avignon off. Son dernier roman, « Monsieur K. libéré » (Non lieu), est un hommage à Kafka et un retour sur ses réflexions lorsqu’il a quitté la Roumanie pour Paris. Libéré sans explication après avoir été enfermé pendant des années dans un pénitencier souterrain sous d’obscurs prétextes, Kosef J. découvre avec stupeur le monde extérieur.
* Varujan Vosganian, 55 ans, fondateur en 1990 de l’Union des Arméniens de Roumanie, dont il est encore le président, député, puis ministre de l’Économie et des Finances et, depuis 2004, vice-président de l’Union des écrivains de Roumanie, a publié en 2009, après de nombreux volumes d’économie, de pensée politique et de littérature, pour lesquels il a reçu de prestigieux prix, « Le Livre des murmures » (Syrtes). Il y reconstitue l’histoire et le destin des Arméniens à partir de témoignages et de souvenirs d’enfance, depuis leur arrivée en Roumanie après l’exode consécutif au génocide de 1915 jusqu’à leur exil sous le régime communiste.
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