Les saints qui guérissent

La santé en librairie

Longtemps, la confiance du peuple s'est tournée plutôt vers les saints que vers les médecins, pour guérir toutes sortes de maux, petits et grands. « Notre plus grande certitude médicale » ne les a pas tout à fait fait disparaître de nos horizons, comme en témoignent deux ouvrages récemment parus.
Gabrielle Cosson, spécialiste de la France rurale, recense par ordre alphabétique et sans intention d'exhaustivité une quantité de saints plus ou moins glorieux, tous pourtant considérés comme recours contre diverses maladies. Ainsi saint Acaire, d'où vient probablement l'adjectif acariâtre, était-il invoqué contre le mauvais caractère, tandis que saint Georges, guerrier de grande pureté, l'était contre les maladies vénériennes ou saint Martial contre les oreillons et le mal des ardents. Pour faciliter le recours au saint le plus approprié à chaque situation, l'auteur a également constitué trois index : un index des maladies, un index des saints et un index des noms de lieux, puisque chaque saint a ses lieux de culte privilégiés.
Hippolyte Gancel, pour sa part, spécialiste d'ethnologie régionale, a entrepris un tour de Bretagne à la recherche des « saints qui guérissent ». Cette région ne s'est pas contentée de ses saints locaux, souvent venus de « Bretagne insulaire », tel Thegonnec, spécialiste des maux d'oreilles, ou Gobrien, spécialiste du mal des ardents, mais aussi typiquement bretons, tel Mélec, qui apaise les maux de ventre. Elle a accueilli avec une grande générosité les saints venus d'un peu partout, les hébergeant dans des chapelles, leur consacrant des fontaines : saint Barthélemy aurait plutôt porté ses pas de Galilée vers l'Inde ou l'Arménie, mais les habitants de Saint-Julien-de-Concelles lui ont longtemps confié les eczémas croûteux des nourrissons et saint Louis étend aux Bretons sa protection contre les maux de la vue ou de l'ouïe. Richement illustré, le livre d'Hippolyte Gancel invite, plus encore qu'à la prière, au voyage.

« Guérir avec les saints », Gabrielle Cosson, Cerf, 262 pages, 110 F.
« Les saints qui guérissent en Bretagne », texte et photographies d'Hippolyte Gancel, éditions Ouest-France, 128 pages (tome 1), 99 F.