« Il faut continuer à prendre en charge les femmes ayant eu un cancer du col de l'utérus après leur traitement, même si elles sont en rémission. Ce suivi post-traitement est, d'ailleurs, un point important du récent Plan Cancer », affirme Léonor Fasse, psychologue clinicienne au département Interdisciplinaire des Soins de Support en Oncologie de Gustave Roussy.
Pour 22 % des patientes interrogées dans le cadre d'une enquête* sur le devenir des femmes ayant été traitées pour un cancer du col de l’utérus, l’impact physique des traitements a constitué la difficulté la plus importante, suivie par la douleur (9 %), les nausées, les diarrhées, les vomissements. Près de 20 % des femmes font état de séquelles liées à la maladie ou aux traitements, dont les troubles urinaires, avec une forte prévalence du besoin d’uriner fréquemment (66 %). Les symptômes gynécologiques (pertes, irritations, douleurs) pour 55 %, et les problèmes intestinaux (49 %) sont également cités.
Les professionnels des soins de support ont un rôle essentiel à jouer dans le suivi thérapeutique et post-thérapeutique de ces patientes. Cet accompagnement doit être personnalisé, adapté aux problèmes rencontrés par ces patientes. « À la suite de leur traitement, beaucoup de femmes font notamment état de problèmes intestinaux (diarrhées, constipations...), nous leur proposons de rencontrer les médecins nutritionnistes ou les diététiciens de Gustave Roussy pour apprendre à adapter leur régime alimentaire à leurs troubles digestifs », indique Léonor Fasse. Les douleurs complexes et séquellaires sont également fréquentes. Comme à Gustave Roussy, de plus en plus souvent, les soins de supports des établissements de santé comportent une unité « douleur » composée de médecins formés à la prise en charge de douleurs rebelles et complexes en cancérologie.
Une équipe pluridisciplinaire
Outre les séquelles physiques, la détresse psychologique est également fréquente chez les femmes ayant été traitées pour un cancer. D'après l'enquête, 20 % des femmes interrogées vivent dans la crainte de la récidive. Près de 55 % d'entre elles se trouvent moins attirantes et 61 % se déclarent insatisfaites de leur corps et mettent en avant la perte de leur féminité. Par ailleurs, les trois-quarts (74 %) craignent d’avoir mal pendant les rapports sexuels. « Pour toutes ces raisons, certaines femmes se trouvent en grande souffrance psychologique (tristesse, angoisses), pendant des mois, voire des années après la fin du traitement. Nous leur proposons un suivi avec un psychologue ou un psychiatre de Gustave Roussy. Par ailleurs, d'autres femmes participant à cette enquête ont mentionné des problèmes sociaux (difficultés à faire garder leurs enfants, à retrouver du travail...). Notre service social peut les accompagner pour trouver des solutions adaptées », précise Léonor Fasse. Pour répondre aux besoins des femmes après leur traitement, le département des soins de support en oncologie de Gustave Roussy se veut multidisciplinaire (médecins spécialistes de la douleur, des soins palliatifs, nutritionnistes, psychiatres, psychologues, assistants sociaux, kinésithérapeutes...). « Il est très important que les soins de supports fassent partie intégrante de l'hôpital. Car, pour diverses raisons (géographiques, économiques, d'emploi du temps...) les patientes ont parfois du mal à se déplacer pour voir les différents professionnels de santé ou paramédicaux. Nous faisons en sorte de planifier leurs rendez-vous sur une seule journée pour leur faciliter l'accès aux soins de support. Les échanges entre tous les acteurs de la prise en charge doivent être possibles au sein du même lieu », conclut Léonor Fasse.
* Enquête réalisée par Patientsworld, avec l'appui scientifique de l'hôpital Gustave Roussy et le financement de SPMSD auprès de 137 femmes sur la plateforme Patientsworld.
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