Brève

Les sorcières sont à Paris

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Publié le 17/09/2020
Théâtre

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Crédit photo : Crédit : Jean-Louis Fernandez

Interprétées lors de sa création en France par Simone Signoret et Yves Montand en 1955, les Sorcières de Salem, une pièce d'Arthur Miller, ont été élevées au rang de spectacle mythique avant de devenir un film. La pièce est ensuite devenue invisible à Paris. On peut s'étonner de cette si longue absence. Ecrite au moment où la vague du maccarthysme en pleine guerre froide déferlait sur les Etats-Unis, un simple soupçon de sympathie communiste brisait alors net toute carrière, les sorcières à l'heure des fake news ont conservé leur potentiel de nuisance. Le diable a simplement changé de costume et d'identité.

Sur la scène de l'espace Pierre Cardin, des jeunes filles prises en flagrant délit de danser la nuit en tenue légère n'hésitent pas en plein XVIIe siècle à accuser de pacte avec le diable tous ceux et celles avec lesquelles elles auraient des comptes à régler. Et la machine judiciaire se met avec une redoutable efficacité en ordre de marche.

La lecture d'Emmanuel Demarcy-Mota n'actualise pas le propos d'Arthur Miller. Elle mise sur la force de la pièce, la dénonciation de la folie des hommes et leur propension à croire, à suivre, n'importe qui, n'importe quoi, bref leur aveuglement au quotidien. On peut à cet égard remercier le Théâtre de la Ville qui est bien seul à revisiter le répertoire des années cinquante, celui d'Albert Camus, de Ionesco et ici de Miller.

Au final, le public réserve un triomphe à la troupe du Théâtre de la Ville qui ne s'explique pas seulement par le sevrage de spectacles auquel pendant de long mois il a dû consentir.

Espace Pierre Cardin, jusqu'au 10 octobre 2020.


Source : lequotidiendumedecin.fr