«A LORS, Maxime, c'était bien ton premier jour de classe ? » - « Oui, mais qu'est-ce qu'on perd comme temps entre les récréations ! » « Dans quel département n'a-t-on pas besoin de montre ? » - « Dans l'Eure ! » Deux blagues (plus ou moins drôles, il est vrai) à la différence fondamentale : la première est une simple histoire faite d'une juxtaposition sémantique ; la seconde repose sur un jeu de mots. Au niveau cérébral, la première met en œuvre un réseau neuronal temporal bilatéral ; la seconde, résultant d'une juxtaposition phonologique, n'utilise qu'un secteur de l'hémisphère gauche (chez le droitier) centré à proximité de l'aire du langage.
Découvrir ces zones activées par l'humour a demandé à Vinod Goel (Toronto) et Raymond J. Dolan (Londres) d'utiliser une IRM fonctionnelle, mais aussi de s'interroger sur l'existence de ces aires cérébrales. Les deux auteurs ont donc recrutés 14 sujets droitiers qu'ils ont soumis à une IRM fonctionnelle. Trente blagues étaient racontées aux volontaires, de l'ordre de celles présentées plus haut (mais destinées à un public anglais...). Restait aux sujets à presser un bouton pour signifier leur appréciation. Les mêmes histoires, racontées avec une chute uniquement descriptive, forcement non drôle, ont servi de témoin.
Les auteurs ont ainsi déterminé avec précision, non seulement, les aires activées lors la partie cognitive (intégration mentale) de la blague, mais aussi celle stimulée lors de la partie affective de l'histoire, c'est-à-dire lors du déclenchement de l'envie de rire (on leur demandait de se retenir pour minimiser les mouvements de la tête). L'aire du cerveau apparaissant alors à l'IRM est le cortex médio-ventral préfrontal. Zone connue pour représenter et contrôler les comportements en rapport avec la récompense.
Un autre constat a été fait. La pression sur le bouton était plus tardive, après la chute de la blague, dans sa version drôle, que dans sa version descriptive. En revanche, le temps de réponse n'était pas modifié par le degré de drôlerie ou par le caractère histoire ou jeu de mots.
Les deux chercheurs concluent que « le processus cognitif associé à la juxtaposition de groupes mentaux phonologiques ou sémantiques est de type spécifique, tandis qu'un réseau banal, indépendant des modalités sous-tend la composante affective de l'humour... L'appréciation affective implique l'accès au système central de la récompense dans le le cortex médio-ventral préfrontal ».
Un travail qui confirme que démonter le rire ne crée jamais l'hilarité.
« Nature Neuroscience », vol. 4, n° 3, mars 2001.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature