Par une ordonnance du 2 octobre 1230, l’empereur d’Allemagne et roi des Deux-Siciles, Frédéric II subordonnait désormais le droit d’exercer la médecine à l’étude de l’anatomie pendant une année au moins. Cette discipline allait connaître seulement un essor limité dans un premier temps et il faudra attendre la Renaissance pour voir se développer l’anatomie « moderne »
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Dessein criminel ou entreprise de sorcellerie ?
Le principal obstacle allait cependant rester le manque de sujets d’étude. Les amphithéâtres qui commençaient alors à se multiplier à travers l’Europe, à Padoue, Bologne, Leyde, Montpellier, Bâle ou encore Paris devaient en effet faire face aux autorités civiles et religieuses. Les uns y voyaient un dessein criminel et les autres des entreprises de sorcellerie et ceux qui pratiquaient l’art de la dissection s’exposaient donc à de graves ennuis…
[[asset:image:2861 {"mode":"full","align":"","field_asset_image_copyright":[],"field_asset_image_description":[]}]]Le nombre de dissections autorisées était minime. Dans l’Empire germanique et en Italie, une seule dissection de cadavre était autorisée chaque année et encore devait-elle être pratiquée en présence des autorités civiles et religieuses ; En Espagne, c’était encore pire puisque les facultés ne disposaient que d’un corps à disséquer tous les trois ans. En France, alors qu’on disséquait des corps depuis 1375 à Montpellier, il fallut attendre 1478 pour voir de telles opérations à Paris, le Collège des Chirurgiens ayant droit à quatre cadavres par an.
Expéditions nocturnes pour se procurer des corps de suppliciés
Devant cette pénurie, quelques anatomistes – et Vésale le premier – n’hésitèrent pas à entreprendre des expéditions nocturnes au gibet de Montfaucon ou au charnier des Innocents pour y soustraire clandestinement des cadavres de suppliciés. Et beaucoup durent payer de leur liberté ou de leur vie cette ardeur scientifique qui déplaisait aussi bien au pape qu’à l’Inquisition.
[[asset:image:2866 {"mode":"full","align":"","field_asset_image_copyright":[],"field_asset_image_description":[]}]]Mais au fil du temps , la rigueur de l’Église finit par s’atténuer et on put voir ainsi Fallope être autorisé à exécuter, à Bologne ou à Padoue, les condamnés à mort suivant le mode qui lui convenait pour pouvoir mieux les « anatomiser ».
Les anatomistes, à la fin du XVIe siècle, purent ainsi opérer au grand jour et sans crainte de devoir rendre des comptes aux tribunaux civils ou cléricaux. Ce fut le début d’un âge d’or qui allait ouvrir la voie aux premières grandes découvertes physiologiques marqué par quelques grandes figures. Hormis Vésale, citons d’Acquapendente, Carpi et Eustachhio en Italie, Charles Etienne (qui décrivit les veines du foie) et Gonthier d’Andernach (qui découvrit le pancréas) en France ou encore Salomon Alberti qui, en Allemagne décrivit les valvules veineuses et les voies urinaires.
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