De notre correspondant
O UVRANT, lundi, à Strasbourg les 1res Rencontres européennes consacrées à la culture à l'hôpital, la ministre de la Culture a souhaité qu'une « journée annuelle de l'art à l'hôpital » soit organisée à partir du printemps 2002 dans tous les hôpitaux de France, pour promouvoir et faire connaître l'ensemble des actions culturelles et artistiques organisées au sein des hôpitaux du pays.
Catherine Tasca a invité les agences régionales de l'hospitalisation et les directions régionales des Affaires culturelles à négocier ensemble des conventions permettant de développer, mais aussi de financer, les actions culturelles en milieu hospitalier.
Une centaine de partenariats
Timidement amorcés au milieu des années soixante-dix, les programmes culturels et artistiques à l'hôpital se développent rapidement, aujourd'hui, dans de nombreux pays européens.
Si les hôpitaux psychiatriques, en particulier, associent depuis longtemps des ateliers de peinture, de sculpture, de danse ou de théâtre à leurs programmes de soins, l'art part maintenant à la rencontre des hôpitaux généraux, qui sont de plus en plus nombreux à se jumeler avec des établissements culturels, tels que théâtres, orchestres ou musées : actuellement, plus d'une centaine d'hôpitaux français ont établi des conventions de partenariat avec de telles institutions, et 80 postes de « responsables culturels » ont déjà été crées sous forme d'emplois-jeunes dans les principaux hôpitaux.
Pendant deux jours, les rencontres de Strasbourg ont recensé les initiatives culturelles mises en œuvre à travers l'Europe, et ces contacts devraient déboucher prochainement sur la création d'un « réseau européen de la culture à l'hôpital ».
Au-delà des actions présentées, ces journées, ponctuées de visites d'expositions, de concerts et de représentations théâtrales, témoignent de la volonté des hôpitaux de retrouver une « dimension humaniste sans laquelle la technicité n'est rien », comme l'a souligné Dominique Gillot en ouvrant la manifestation. Permettre aux malades de s'échapper un instant, de profiter de leur inactivité forcée pour découvrir d'autres horizons, c'est aussi les faire passer du statut d'assisté à celui d'individu, a poursuivi Mme Gillot, avant de rappeler que l'hôpital, par la diversité des publics qu'il accueille, peut être, pour certains patients, le seul lieu où ils auront l'occasion de « rencontrer » une œuvre d'art ou de lire un livre.
Toutefois, en matière de bibliothèques, observe Catherine Tasca, les partenariats entre les bibliothèques municipales et hospitalières fonctionnent beaucoup moins bien que ceux établis dans d'autres secteurs de l'action culturelle : la ministre souhaite donc appeler les bibliothèques publiques à coopérer davantage avec les hôpitaux, afin qu'ils puissent proposer un choix d'ouvrages et d'animations littéraires plus vaste.
Culture pour tous
La Grande-Bretagne, qui co-organisait ces rencontres avec la France, développe, elle aussi, depuis longtemps des actions culturelles à l'hôpital, toujours gérées au niveau local et qui ont permis aux artistes de « saisir les opportunités » que leur proposent les hôpitaux. Pour le secrétaire d'Etat britannique à la Culture, Chris Smith, la culture à l'hôpital est devenue un moyen essentiel de promouvoir « la culture pour tous ». Culture qui ne s'arrête pas aux arts plastiques, dramatiques ou lyriques : « Une architecture hospitalière de qualité participe aussi à la promotion de la culture, tout en améliorant la qualité de vie et de séjour des patients », a-t-il souligné. Si la culture renaît aujourd'hui à l'hôpital, comme pour atténuer la froideur des technologies modernes, on connaît pourtant depuis longtemps le rôle de l'esthétique dans l'accélération des guérisons, a poursuivi Chris Smith : en 1859, déjà, Florence Nightingale constatait que les malades qui pouvaient contempler des bouquets de fleurs se remettaient plus vite que les autres.
Enfin, les actions présentées lors des rencontres ont rappelé que si la promotion de la culture aide les hôpitaux à se « réhumaniser », elle contribue aussi à les ouvrir sur l'extérieur. De nombreux artistes et écrivains ont choisi de travailler en milieu hospitalier, non seulement pour aider les patients à supporter leur séjour, mais pour « décloisonner l'hôpital » : leur travail permet, en effet, de faire connaître les réalités hospitalières au « monde extérieur » et contribue à « réconcilier » deux univers encore trop fréquemment séparés.
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