VOS MALADES ONT LU
« Elle », 26 février
De son histoire, de ses liens avec le surnaturel, de son rejet par Freud, de l'obscurité de ses mécanismes, est née « la réputation sulfureuse » de l'hypnose. Aujourd'hui encore, elle « suscite des réactions mitigées » de la part des psychanalystes comme de la part des scientifiques.
Le magazine « Elle » a beau souligner les obstacles qui ont pu entraver la marche en avant de l'hypnose, son titre de couverture, « Guérissez, je le veux ! », révèle une certaine fascination pour les côtés magico-inquiétants de l'hypnose.
Il faut dire que le récit d'une lipoaspiration réalisée sous « hypnosédation, une technique qui mêle hypnose et médicaments » à très faible dose est tout à fait impressionnant. « La grande papesse de l'anesthésie sous hypnose » qui officie dans ce cas particulier a désormais de nombreux émules, qui utilisent l'hypnose à des fins variées dans des services hospitaliers de toutes spécialités. Leur choix semble approuvé par des patients heureux d'avoir vu fondre leurs kilos, diminuer leurs démangeaisons ou leurs acouphènes, se tarir leurs rhinites « monstrueuses », cesser leur envie de fumer.
L'explication neurobiologique à laquelle aspirent les scientifiques ajoutera-t-elle au succès de cette hypnose, ou au contraire, le mystère qui l'entoure la sert-elle ?
Le BCG plus que controversé
« Que choisir », mars
« Que choisir » se demande comment la vaccination par le BCG est encore obligatoire en France, tant les arguments pour l'abandon de son usage systématique sont nombreux : des pneumologues, parmi les plus « éminents », ne la trouvent plus « défendable », un « énorme essai effectué en Inde » concluait en 1979 à une efficacité nulle ; d'autres études, sans doute moins critiquables, confirmaient ces conclusions, à quelques méningites tuberculeuses du nourrisson près ; et si l'incidence de la tuberculose a cessé de diminuer pour réaugmenter un peu à partir de 1988, en particulier en raison de l'épidémie de SIDA, elle a de nouveau baissé depuis 1994 pour se stabiliser à partir de 1997.
Inutile dans la majorité des cas, la vaccination par le BCG n'est pas exempte de risques que « Que choisir » trouverait logique de comptabiliser : « sentiment de fausse sécurité susceptible d'entraîner des retards au diagnostic », impossibilité « de distinguer les réactions à la tuberculine dues au BCG de celles dues à l'infection naturelle », réactions locales, « bécégites généralisées » chez les enfants atteints de déficit immunitaire congénital... « L'exception vaccinale française », qui ajoute à l'obligation de la primo-vaccination des revaccinations « au mépris de toute justification scientifique », constitue une incohérence supplémentaire, selon le mensuel. Faut-il expliquer tout cela par le chauvinisme, qui exalterait encore les résultats spectaculaires obtenus par Calmette et Guérin dans les années vingt sur des populations d'enfants très exposés ? Ou peut-on assimiler cette vaccination à un rituel d'exorcisme contre une maladie qui fait encore peur ?
De miracle en miracle
« Tribune santé », numéro 56
Voilà qui fait chaud au cœur : non seulement les nouvelles chirurgies réalisent des « miracles » (entre guillemets, il est vrai dans le texte), mais « la France fait figure de pionnière » dans la réalisation de ces miracles. « Tribune santé » emporte ses lecteurs dans des voyages fabuleux en compagnie de cet « homme de l'avenir » qu'est le chirurgien aujourd'hui. Il (ou elle) sépare des siamoises in utero, greffe des mains, se fait aider par des robots d'une précision impressionnante, suit des yeux un objet ou un organe en mouvement bien à l'abri sous la peau, voire même à l'autre bout du monde, sentira bientôt la consistance des tissus opérés qu'il ne touche pas, guidera la main d'un confrère moins spécialisé opérant au pôle Nord, sur un champ de bataille ou dans l'espace. La parole est ensuite donnée au Pr Bernard Debré, qui promet que, bientôt, les aveugles verront, les sourds entendront, les paralysés marcheront et qui compte bien que « la grande transgression », soit la chirurgie du cerveau, s'attaque successivement aux dégâts provoqués par la maladie de Huntington ou celle de Parkinson, puis aux psychoses. Les pièces détachées deviendront de plus en plus variées et performantes, du cartilage aux cellules musculaires. Un jour viendra aussi où il ne s'agira plus seulement de réparer, mais aussi d'ajouter des organes supplémentaires. Dominique Gillot, interrogée par la revue, se dit pourtant « persuadée que l'expérience de l'opérateur est un préalable et que la technologie n'est qu'un plus ».
Le Muséum dans tous ses états
« L'Express », 1er mars
Drôle d'assemblage que ce Muséum d'histoire naturelle qui associe le Jardin des Plantes, des « dizaines de millions de spécimens de pierres, de fossiles, de plantes et d'animaux naturalisé », des chercheurs, et quelque 15 centres dispersés, dont le zoo de Vincennes et le musée de l'Homme. « L'Express » considère la réforme envisagée par Claude Allègre comme « la dernière chance pour le Muséum », selon le titre choisi par l'hebdomadaire. Dernière chance pour sauver des collections « mal conservées, mal rangées, trop rarement répertoriées dans des bases de données informatisées, et menacées de disparition ». Dernière chance surtout pour la recherche, et tout particulièrement pour « la systématique, discipline fondatrice du Muséum », productrice des théories de l'évolution, qui a pourtant du pain sur la planche depuis que l'ADN est venu contredire une bonne partie du classement des espèces vivantes. L'exercice n'est pas de pur forme : il est fort utile à la génétique et à la juste conservation des espèces, précise l'hebdomadaire. Pourtant, il est un certain nombre de chercheurs qui restent tout à fait hostiles à une réforme et « crient à la bureaucratisation ».
L'accord parfait n'est pas plus facile à trouver entre ceux qui se désolent, dans la même page de « l'Express », des « insuffisances dans la prise en charge de la dépression en France » et ceux qui dénoncent, en d'autres lieux, les excès de consommation de psychotropes, et s'agit-il des mêmes ?
La prééclampsie, maladie placentaire
« Pour la science », mars
La prééclampsie, définie comme l'association d'une hypertension artérielle associée à une protéinurie chez la femme enceinte, reste même en pays industrialisé une cause importante de mortalité et de morbidité maternelles et néo-natales. Car non seulement elle est souvent diagnostiquée tardivement, mais le traitement de l'hypertension artérielle, qui en est l'un des signes, ne suffit pas supprimer « la pathologie sous-jacente » et ses conséquences. Deux chercheurs français font le point de ce que l'on sait aujourd'hui de la prééclampsie pour le magazine « Pour la science », montrant d'une part qu'il s'agit selon toute vraisemblance d'une maladie du placenta, et, d'autre part que des facteurs génétiques peuvent sans doute intervenir dans son déclenchement. C'est l'occasion d'une exploration de ce placenta dont la formation et l'évolution vont conditionner le bon déroulement de la grossesse et le développement harmonieux du fœtus ; c'est aussi l'occasion de découvrir les anomalies vasculaires et leurs conséquences vasomotrices vraisemblablement responsables de la prééclampsie. Tandis que certaines recherches s'efforcent de définir plus précisément les causes de la maladie, d'autre s'attachent à trouver des moyens de la dépister précocement pour mieux en éviter les conséquences pathologiques.
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