Les caractéristiques de l’endocardite infectieuse, dont on dénombre de 2000 à 3000 cas chaque année en France, ont évolué avec l’augmentation de l’espérance de vie. Elle concerne désormais de plus en plus de sujets âgés, puisque dans les pays occidentaux, un patient sur trois a plus de 75 ans. Dans cette population, le recours à la chirurgie est moindre et la mortalité élevée, de l’ordre de 30 à 40%.
Quel est le rôle des caractéristiques gériatriques en cas d'endocardite ?
Aucune étude ne s’était jusqu’alors intéressée aux caractéristiques gériatriques des patients, et à leur impact éventuel sur la prise en charge et l’évolution de la maladie. D’où l’intérêt suscité par le projet de recherche ELDERL-IE, porté notamment par l’Association de l’endocardite infectieuse et soutenu par la Fondation Cœur et Recherche en 2013, dont les résultats ont été présentés lors des récentes JESFC. Cette étude prospective observationnelle, à laquelle 14 centres français ont participé, a inclus 120 patients de plus de 75 ans, pour lesquels le diagnostic d’endocardite a été confirmé en fin d’hospitalisation (critères de Duke). Une évaluation gériatrique très précise fondée sur des échelles validées a été réalisée lors de la première semaine d’hospitalisation, incluant une estimation du statut gériatrique deux mois et 15 jours avant l’hospitalisation et complétée par une nouvelle évaluation 3 mois après le diagnostic : comorbidités, état général, état cognitif, statut nutritionnel et fonctionnel, autonomie.
Le recours à l’échographie trans-oesophagienne (ETO) a été logiquement de 100 % chez les patients opérés (n=19), de 71% chez les patients ayant une indication chirurgicale mais non opérés (n= 21) et de 53% chez ceux sans indication chirurgicale. « Ce frein à l’ETO, qui pourrait être lié à l’âge (80 ans, 82 ans et 84 ans en moyenne respectivement dans les 3 groupes), pourrait être à l’origine de sous-diagnostics des cas chirurgicaux », a souligné le Dr Christine Selton-Suty. Les patients opérés présentaient moins de comorbidités et avaient une meilleure autonomie 2 mois avant le diagnostic.
L'IMC et l'autonomie liés au risque de décès
L’évaluation à 3 mois a porté sur 57 patients : 34 étaient décédés, 2 perdus de vue, et 27 ont refusé ou se sont déclarés incapables de se déplacer pour un nouvel examen. En analyse multivariée, 2 paramètres se sont montrés significativement associés au risque de décès à 3 mois : l’indice de masse corporelle (IMC) et l’autonomie (échelle ADL et Instrumental ADL). Chez les patients opérés, les scores à 3 mois se sont améliorés, mais de façon incomplète en termes d’autonomie fine. « L’opinion du gériatre sur la capacité du patient à être opéré est apparue également comme un facteur pronostique important, ce qui souligne l’intérêt d’une évaluation gériatrique fine de ces patients à l’instar de ce qui se fait sans le cadre du TAVI », a indiqué en conclusion le Dr Selton-Suty.
La Fondation Cœur et Recherche a été créée en 2011 par la Société française de cardiologie pour permettre de développer des projets de recherche coopératifs sur le territoire national. Depuis sa création, 26 projets ont été soutenus par une dotation globale de 2,7 millions d’euros.
D’après la communication du Dr Christine Selton-Suty, Nancy, lors des JESFC, Paris 17 au 20 janvier 2018.
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