Une technique encore peu adaptée pour le dépistage

L'IRM carotidienne évalue mieux le risque cardiovasculaire que l'écho

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Publié le 18/10/2018
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Crédit photo : SEBASTIEN TOUBON

L'utilité clinique de l'échographie des troncs supra-aortiques est controversée pour le dépistage du risque cardio-vasculaire, plusieurs méta analyses récentes suggérant qu'elle n'apporte pas beaucoup plus que les facteurs de risque (FDR) traditionnels en population générale.

Des radiologues américains de la Johns Hopkins University montrent dans « Radiology » que l'IRM carotidienne est plus prédictive du risque cardio-vasculaire, en particulier du risque d'accident vasculaire cérébral (AVC), au cours d'un suivi de 13 ans chez 693 patients sans antécédent cardio-vasculaire.

Dans cette étude prospective, il ressort que l'échographie est assez peu prédictive du risque cardiovasculaire. Une augmentation de l'écart type de l'épaisseur intima-média à l'échographie était associée à un risque augmenté de 10 % de maladies coronariennes, de 8 % d'AVC et de 14 % de maladie cardio-vasculaire. En revanche, l'IRM faisait bien mieux car pour une augmentation de l'écart type de l'épaisseur de la paroi, les risques correspondants étaient respectivement de 32 %, de 48 % et de 37 %.

Composantes de la plaque

« Ces résultats ne m'étonnent pas du tout, explique le Pr Romaric Loffroy, radiologue au CHU de Dijon et président de la Société française d'imagerie cardio-vasculaire (SFICV). L'IRM carotidienne fait l'objet de beaucoup d'études depuis plusieurs années car elle permet de caractériser les composantes de la plaque, notamment la plaque fibreuse, le cœur lipidique, l'hémorragie intraplaque qui sont des facteurs de risque connus d'événement cardio-vasculaire ».

Aujourd'hui, l'utilisation de l'IRM est limitée pour trancher si oui ou non une chirurgie carotidienne est indiquée en prévention secondaire dans les situations difficiles chez les sujets ayant fait un AVC. « Dans cette large cohorte suivie pendant des années, ce centre expert américain s'intéresse ici à la pertinence de l'IRM en prévention primaire», explique Romaric Loffroy.

Pour la prévention primaire chez les sujets à risque

Dans la cohorte américaine, il s'agissait d'une population sans antécédent cardio-vasculaire mais à risque modéré à élevé. Les participants étaient âgés en moyenne de 63 ans (45-84 ans), majoritairement des hommes (55 %), en surpoids avec un indice de masse corporel (IMC) à 27, fumeurs ou ex-fumeurs dans la moitié des cas, hypertendus dans près de la moitié des cas (47 %), diabétiques dans un quart des cas, traités par statine dans près d'un quart des cas.

Toute la question est de savoir si ces résultats sont transposables à grande échelle pour le dépistage du risque cardio-vasculaire. « Contrairement à l'écho, l'IRM aujourd'hui ne coche aucune case, poursuit le neurologue. C'est un examen coûteux, pas toujours accessible, qui prend du temps, peu reproductible, qui nécessite des antennes dédiées et l'injection de produit de contraste, et dont l'interprétation demande du personnel entraîné et un logiciel spécial ».

Mais, à l'avenir, les choses pourraient changer, projette Romaric Loffroy, citant en exemple l'IRM de prostate dans le dépistage du cancer. À terme, l'IRM carotidienne pourrait offrir un nouveau biomarqueur radiologique pour déterminer la prévention précoce à proposer chez des sujets à risque avant tout événement cardiovasculaire.

 

 

  

Radiology, 2018; 00:1-9

Dr Irène Drogou

Source : Le Quotidien du médecin: 9695