Loup, y'es-tu ?

Publié le 05/03/2001

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Livres

« L E Petit col des loups » (1) est un livre étrange, bref mais d'une grande intensité, qui est une sorte de face à face de deux femmes totalement différentes et qui pourtant s'aiment à défaut de se comprendre. Le « Petit col des loups » est un lieu-dit dans l'arrière-pays niçois, un endroit perdu où s'est retirée Marie-Marthe et où elle s'abîme les mains à remonter les murs des restanques laissées en friche. Elle travaille autant que les forçats qui les ont construits car c'est, en apparence, une forte femme, Marie-Marthe, excessive dans son physique, lorsqu'elle boit, lorsqu'elle travaille, lorsqu'elle parle.

C'est sa voix d'ailleurs que l'on entend surtout dans l'ouvrage, qui raconte son mariage, dérisoire, avec le fils du boucher du village, ses amours, perdues, avec le patron d'un hôtel en bord de mer, un homme marié, la trahison de sa mère.
A côté d'elle une toute jeune fille, une femme puisqu'elle est enceinte, bien qu'elle ait du mal à y croire. D'ailleurs elle ne l'a dit à personne, sauf à Marie-Marthe qu'enfant elle s'est choisie comme marraine. Ou bien celle-ci, que l'on dit être une sorcière, l'a-t-elle deviné ? Car la jeune femme dont on ne connaît pas le nom, est tellement silencieuse, pas muette, non, mais avare de paroles ! Comme Vincent, qui n'était pas tout à fait son fiancé et qui, comme elle préfère rire que parler ; il est parti faire la guerre en Algérie et elle n'a pas de nouvelles.

Le succès populaire du « Pacte du loup » (2) qui est à l'aune du budget dépensé pour la réalisation du film, laisse supposer que chacun s'est remémorer les terribles événements qui sont à l'origine de la légende de la « Bête du Gévaudan ». Il n'en reste pas moins qu'on prend plaisir à lire ce récit
que Pierre Pelot a écrit d'après le scènario de Stéphane Cabel et Christophe Gans.
Auteur de 170 romans en tous genres - policier, western, science-fiction, voire étude psychologique avec « L'Eté en pente douce » et, plus récemment, le cycle préhistorique « Sous le vent du monde », écrit en collaboration avec Yves Coppens - Pierre Pelot a fait écho à la passion de l'uvre cinématographique.

Si le monstre, dit-on, a été abattu le 18 juin 1767 lors d'une battue organisée par le marquis d'Apcher, en 1769, lorsque débute le roman historique de Joëlle Guillais, « la Prime aux loups » (3), nombre de miséreux, dans la région du Perche, gagnent encore de quoi assurer leur survie et celle de leur famille en chassant le loup pour la prime du roi. C'est pour lutter contre cette indigence qui est vécue comme une fatalité, que le jeune Simon Lausnay, le fils d'un riche laboureur qui a vu en Angleterre le progrès en marche, tente de convaincre ses contemporains de moderniser l'agriculture.
L'auteur, qui est historienne, romancière et sociologue et qui partage son temps entre la capitale et le Perche, s'est emparé de la vie de ce pionnier rencontré dans les archives, pour constuire une histoire où l'amour se taille une belle part ; mais où l'on trouve aussi des thèmes actuels comme l'exclusion, l'assistance à la pauvreté, les révolutions et grandes mutations du monde agricole.

C'est dans les Ardennes, et à la fin du 19è siècle, que nous propulse l'ouvrage de Françoise Bourdon - l'auteur des « Dames du Sud » qui a été professeur de droit et d'économie avant de se consacrer à l'écriture -, « la Forge au Loup » (4).
Deux personnages de femmes sont au centre du récit : Mathilde Lecoeur, une dame de fer puisqu'elle règne en maîtresse incontestée sur cette boulonnerie prospère de la vallée de la Meuse qui emploie près de quinze cents personnes ; et la très jeune Hermine, sa belle-fille, qui se passionne pour la vie de l'usine en même temps qu'elle découvre les revers de l'amour. A la mort de Mathilde, Hermine va prendre seule les commandes de la fabrique - et ce sera la Grande Guerre, l'Occupation, le quotidien des ouvriers, les rigueurs du froid, l'omniprésence de la forêt...

(1) Editions du Seuil, 128 p., 75 F
(2) Editions Rivages, 382 p., 52 F
(3) Editions Belfond, 269 p., 115 F
(4) Editions Presses de la Cité, 416 p., 120 F

FRENEUIL Martine