Allons-nous au cinéma les yeux fermés ? Regardons nous avec toute l'attention nécessaire les films signés par les auteurs ? Prenons les derniers films de Youssef Chahine qui opéraient une dissection à vif des maux de l'Egypte à la fin des années quatre-vingt-dix. La montée de l'islamisme, la corruption endémique, les inégalités criantes sont au cœur des trois films réunis dans un coffret. Certes le Destin qui obtient un prix au festival de Cannes 1997 demeure dans les mémoires. En racontant la fulgurante ascension d'une secte fondamentaliste au XIIe siècle dans la bienheureuse Andalousie, qui réussit à obtenir la fatwa condamnant l'œuvre d'Averroès à l'autodafé, Youssef Chahine exhorte ses spectateurs à ouvrir les yeux sur les dangers du moment. Quatre ans plus tard en 2001, les yeux se dessillent. Cette vérité explose sur les tours de Manhattan. Cette thématique du terrorisme islamique est reprise dans L'Autre où apparut la figure du grand intellectuel palestinien Edward Saïd. Silence... on tourne relève davantage du film populaire et des histoires d'amour contrariées. Mais au-delà de ces histoires simples, le plaisir du spectateur se nourrit d'une narration loin des codes occidentaux où domine le recours aux métaphores, aux envolées lyriques. Osons dire que ce style oriental loin de notre réalisme à tout crin est salutaire.
Coffret Youssef Chahine, éditions Montparnasse, 30 euros.
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