L ES maladies cardio-vasculaires sont souvent asymptomatiques. Trente pour cent des victimes d'infarctus n'ont connu aucune alerte avant l'accident fatal. Pourtant, la connaissance et la prise en compte des facteurs de risque, un dépistage systématique et une responsabilisation individuelle et collective en matière de prévention permettraient de réduire considérablement le nombre de décès.
Les pathologies cardio-vasculaires sont responsables de 180 000 décès chaque année en France, ce qui en fait la première cause de mortalité (34 % en 2000), devant les cancers (28 % en 1997) et les accidents de toutes natures (8 % en 1997). D'où le cri d'alarme de la Fédération française de cardiologie (FFC), qui organisait une conférence de presse, à Paris, en forme d'appel à la responsabilité de chacun.
La prévention s'organise autour des facteurs de risque : hérédité, tabac, hypertension, cholestérol, diabète, obésité, sédentarité ou stress. C'est par leur prise en charge précoce et globale que l'on parvient à influencer considérablement la survenue et l'évolution de ces maladies. Malheureusement, le fléau que constituent les accidents cardio-vasculaires reste mal connu, quand il n'est pas minimisé. Selon la FFC, il s'agit pourtant d' « un problème de santé publique essentiel qui ne peut être résolu que par une prise en charge collective ».
Dans cette perspective, l'association met l'accent sur la nécessité d'une formation spécifique des médecins aux « techniques » d'information du patient, mais aussi sur la nécessaire diffusion de l'information scientifique la plus récente auprès du corps médical. Le Pr Alec Vahanian, cardiologue à l'hôpital Bichat, rappelle que la prévention primaire à destination des patients doit être résolument multifactorielle, soit prendre en compte le risque vasculaire global ; et que la prévention secondaire, individualisée et très efficace, « doit être considérée sur le même pied que les traitements médicamenteux, la cardiologie interventionnelle ou la chirurgie ».
Sujet contre objet
Dans cette relation médecin-patient, le message de prévention doit s'attacher à convaincre sans contraindre, pour ne pas braquer le second. Plutôt que de diaboliser le fumeur, il faudrait démontrer le bien-être du non-fumeur. Au terme d'entretiens approfondis et répétés, les objectifs doivent être clairs, réalistes et adaptés à la personnalité du patient. Il est en outre indispensable que le malade ne devienne pas « objet » d'une prise en charge mais en soit le sujet, qu'il se sente participer activement aux soins préventifs et curatifs. Par exemple, l'autosurveillance du traitement anticoagulant par le patient réduit de façon significative les complications et améliore son efficacité.
Les médecins sont loin d'être les seuls acteurs de la politique de prévention que la FFC appelle de ses vux. Le personnel paramédical, les associations de patients, sans oublier l'entourage familial et professionnel des malades sont appelés à participer activement aux démarches préventives. Ils doivent donc tous recevoir des informations précises, voire une formation, sur le sujet. Car si l'efficacité de la prévention est démontrée, il reste à améliorer son application au quotidien. Une avancée qui ne sera possible qu'en impliquant chacun des acteurs concernés, depuis le patient et son entourage jusqu'aux institutions, en passant par les professionnels de santé et le grand public.
Former et informer massivement
La FFC en appelle à la responsabilité des pouvoirs publics en matière de formation et d'information. Formation et information des personnels médicaux et paramédicaux, mais aussi du grand public.
La FFC, par la voix du Pr Etienne Alliot, cardiologue à Nancy, réclame des campagnes d'information fortes, notamment auprès des enfants et en partenariat avec l'Education nationale. Mieux, elle souhaite une formation massive et gratuite aux gestes d'urgence (moins de 5 % des Français confrontés à un accident coronarien connaissent ces gestes) et la mise à disposition de défibrillateurs semi-automatiques dans les lieux publics au même titre que les extincteurs.
A l'instar des Etats-Unis où, dans certaines villes pilotes, la formation de la population aux gestes de secours permet aujourd'hui de sauver 30 % des « morts subites », contre 2 % actuellement en France.
* 50, rue du Rocher, 75008 Paris, tél. 01.44.90.83.83, fax 01.43.87.98.12, www.fedecardio.com.
Les premiers états généraux de la cardiologie
« Les scientifiques, les médecins, les patients et le grand public s'accordent pour reconnaître que la cardiologie française est à la pointe, les cardiaques en bénéficient... mais pas tous les cardiaques, et de façon inégale sur le territoire français » : ce constat est à l'origine des états généraux de la cardiologie, organisés aujourd'hui à Paris* à l'initiative du Syndicat national des spécialistes des maladies du cur et des vaisseaux, auteur d'un récent Livre blanc sur le sujet (« le Quotidien » du 22 janvier).
Ces états généraux ont été réalisés sous l'égide des sociétés de cardiologie (Société française de cardiologie, Fédération française de cardiologie, Collège national des cardiologues français, Cardiologie pratique) et avec les associations de patients (Clubs cur et santé, Association des greffés du cur et des poumons, Fédération française des cardiaques, TransForme, Association des porteurs de stimulateurs cardiaques, Association des porteurs de défibrillateur). Ils doivent en effet permettre une rencontre de tous les acteurs « pour une meilleure information, une meilleure approche des besoins, une optimisation des moyens humains et techniques ».
* 14 h 30, palais des Congrès. Secrétariat : Annick Le Bohec, tél. 01.45.43.70.76, fax 01.45.43.08.10.
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