T EST national ou simples élections locales ? Si Paris tombe à gauche, nul doute que les socialistes parleront de sanction pour le président de la République ; si plusieurs ministres du gouvernement mordent la poussière, faisons confiance aux amis du chef de l'Etat pour évoquer à leur tour le désaveu infligé à l'équipe de Lionel Jospin.
En fait, même si les élections municipales restent un scrutin différent des autres en cela que, dans nombre des 36 000 communes de France, les électeurs accordent souvent plus d'attention au bilan du maire sortant qu'à son étiquette, toute référence à la politique nationale ne peut être écartée.
Les médecins, bien impliqués par leur exercice quotidien au cœur des cités, seront une nouvelle fois très présents dans ces élections. Si présents d'ailleurs que dans plusieurs villes on assistera à des « duels » entre médecins.
Le plus médiatique, sans doute parce que le plus incertain, oppose à Toulouse un généraliste, François Simon, qui portera les couleurs de la gauche plurielle (hors Verts), à un cardiologue, ancien ministre de la Santé et de la Culture, le Pr Philippe Douste-Blazy, tête de liste RPR-UDF-DL, soutenu par le maire sortant, Dominique Baudis, qui a présidé aux destinées de la ville rose durant dix-huit ans. Donné facilement vainqueur il y a encore quelques semaines, Philippe Douste-Blazy a vu fondre son avance comme neige au soleil, et un dernier sondage CSA, samedi dernier, le donnait même battu au second tour, d'une courte tête (50,5 %, contre 49,5 %).
Dans ce scrutin, l'incertitude est d'autant plus grande que tout peut dépendre du maintien ou non de la liste d'extrême gauche Motivé-e-s, qui au premier tour rassemblerait 14 % des suffrages (largement devant les Verts, 7 %). En cas de triangulaire, le 18 mars, Philippe Douste-Blazy l'emporterait facilement. Nul doute que les discussions entre les amis de François Simon et la liste Motivé-e-s s'engageront rapidement, dès dimanche soir.
Position difficile pour Dominique Voynet
Autre duel « médical » intéressant, celui qui doit opposer à Dole, dans le Jura, la ministre de l'Environnement, le Dr Dominique Voynet, au sortant, le Dr Gilbert Barbier. Les sondages donnent largement gagnant le maire sortant qui devancerait la ministre de huit points, selon une enquête d'opinion parue dans « le Progrès » le 22 février. La décision de Dominique Voynet de quitter ses fonctions ministérielles si elle est élue ne semble pas inciter davantage, selon ce sondage, les Dolois à la préférer au maire sortant, qui a su, il est vrai, au cours de ses trois mandats précédents, s'attirer des sympathies dans tous les milieux politiques.
Le duel Forette-Blisko, à Paris dans le 13e arrondissement, n'est pas le moins intéressant, ne serait-ce parce que la célèbre gérontologue fait en l'occurrence ses premiers pas en politique. Mais surtout son résultat peut se révéler déterminant pour la victoire finale dans la capitale. Et à cet égard, il faut bien reconnaître que la liste conduite par Françoise Forette et Jacques Toubon est distancée, dans les sondages, par celle menée au nom de la gauche par le Dr Serge Blisko, à qui semble promis le poste de maire du 13e arrondissement.
Autre ministre de Lionel Jospin en difficulté, Elisabeth Guigou : la ministre de l'Emploi et de la Solidarité affronte en Avignon la maire sortante Marie-José Roig. Une campagne difficile pour la ministre qui doit convaincre les Avignonnais qu'elle pourra assumer, en cas de victoire, les charges qu'il lui auront été confiées, tout en gardant ses fonctions ministérielles. Sa tâche est d'autant plus difficile qu'elle doit affronter, sur place, les manifestations souvent dures des infirmières spécialisées.
Le Pr Debré en difficulté ?
Des maires médecins sortants peuvent aussi s'inquiéter des résultats des scrutins des 11 et 18 mars. Claude Malhuret, qui depuis 1989 (il avait alors battu un autre médecin, le Dr Jacques Lacarin) occupe la mairie de Vichy, voit son pouvoir contesté par le célèbre avocat Gilbert Collard qui, à la tête d'une liste dissidente de droite, espère bien au second tour, à l'occasion d'une triangulaire, voire d'une quadrangulaire, remporter la mairie. De même le Dr André Rossinot, qui semblait indéboulonnable à Nancy, se trouve aujourd'hui contesté par un jeune socialiste, Jean-Yves Le Déhaut. Même le Pr Bernard Debré, à Amboise, pourrait ne pas avoir une réélection facile, car il fait face à une liste de droite concurrente conduite pas son ancien directeur de cabinet et une liste de gauche qui a mené une campagne dynamique, en insistant sur les « absences répétées » du Pr Debré de sa mairie. Ce qu'il conteste.
A Nantes, le Pr Jean-Luc Harousseau (RPR-UDF-DL) ne devrait pas menacer la position du socialiste Jean-Luc Ayrault. En revanche, le Dr Dominique Tichadou (PS) espère bien conquérir Vitrolles, dans les Bouches-du-Rhône, et faire « tomber » Catherine Mégret.
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