C'est arrivé le 16 mai 1841

Mort de Marie Boivin

Publié le 16/05/2015

Crédit photo : GARO/PHANIE

Cette sage-femme fut sans doute le personnage médical féminin le plus connu et le plus influent du début du XIXe siècle, pionnière de l'obstétrique moderne.

« Madame Boivin », ou « madame veuve Boivin », comme la connaissaient ses contemporains et comme elle signait ses ouvrages, est née Marie Anne Victorine Gillain, à Montreuil le 9 avril 1773. Elevée par des religieuses dont l'ordre dirigeait un hôpital à Etampes, elle attire l'attention de Madame Elisabeth, soeur du roi Louis XVI. Mais la Révolution française survient et le couvent est détruit. Marie décide alors d'étudier l'anatomie et l'obstétrique.

En 1797, à 24 ans, elle épouse un bureaucrate du gouvernement, Louis Boivin qui, après lui avoir fait un enfant, meurt prématurément. Celle qui se fait désormais appeler la veuve Boivin trouve un emploi de sage-femme en 1800 dans un hôpital versaillais. Son savoir-faire lui fait rapidement gravir les échelons et elle se retrouve superintendante de l'établissement un an plus tard, en 1801. Cette même année, Chaptal est nommé ministre de l'Intérieur par Napoléon Bonaparte et Marie Boivin n'hésite pas à aller à sa rencontre pour le convaincre de créer l'école de sages-sages-femmes de l'Hospice de la Maternité de Paris.

" Un œil au bout de chaque doigt "

Alors que son étoile ne cesse de monter, sa fille se tue accidentellement , Marie Boivin quitte Versailles pour s'installer à Paris pour travailler à l'hospice de la Maternité où ses connaissances obstétricales et sa dexterité font merveille. Ses laudateurs disent d'elle " qu'elle a un oeil au bout de chaque doigt ".

Après s'être fâchée avec la directrice de l'hospice de la Maternité, Marie-Louise Lachapelle, autre sage-femme célèbre dont l'ouvrage "Pratique des accouchements" fit longtemps référence, la veuve Boivin trouve un emploi peu rétribué dans un hôpital pour mères célibataires. Mais elle remonte rapidement la pente, successivement directrice de l'hôpital général de Seine-et-Oise en 1814 puis d'un hôpital militaire temporaire en 1815. Après avoir pris la tête de l'Hospice de la Maternité à Bordeaux, la consécration arrive lorsqu'on lui offre de diriger la Maison Royale de Santé. L'Europe entière se l'arrache et elle dit même niet à l'Impératrice de Russie qui veut s'attacher ses services...

Marie Gillain Boivin connaîtra cependant une fin de vie pénible, mourant quasiment dans l'indigence le 16 mai 1841 un an après avoir pris sa retraite à l'âge de 67ans. Tombée dans l'oubli à la fin de sa vie, Marie Boivin aura pourtant largement contribué aux progrès de l'obstétrique. Elle a ainsi inventé un nouveau intro-pelvimètre ou mensurateur interne du bassinet, un spéculum vaginal utilisé pour dilater le vagin et examiner le col. Elle fut aussi l'un des premiers membres du corps médical à faire usage d'un stéthoscope pour écouter les battements cardiaques du fœtus.

La veuve Boivin aura laissé une oeuvre abondante, le plus connu de ses ouvrages étant le "Mémorial de l'art des Accouchements" accompagné de 143 gravures représentant le mécanisme de l’accouchement ou la composition de l'oeuf humain, paru en 1812, devenu un classique pour les sages-femmes mais aussi les étudiants en médecine. Traduite en plusieurs langues, cette "Bible" de l'obstétrique reçut une mention élogieuse du conseil général des Hôpitaux de la ville de Paris. On lui doit aussi un "Traité pratique des maladies de l'utérus et de ses annexes" publié en 1833 écrit en collaboration avec le Pr Dugès de Montpellier qui révolutionna alors les connaissances.

Le seul regret de Marie Boivin fut de ne jamais avoir été acceptée à l'Académie de médecine de Paris.


Source : lequotidiendumedecin.fr