Né Mateu Josep Bonaventura Orfila i Rotger, Matthieu Orfila est né sur l’île de Minorque en 1787 où il commence ses études médicales sous la coupe d’un professeur d'origine allemande, Cook, qui lui enseigne « les mathématiques élémentaires, la physique presque expérimentale, la logique et un peu d'histoire naturelle ». En septembre 1804, il va parfaire ses études à l’université de Valence, l’une des plus prestigieuses universités espagnoles avant de se rendre l’année suivante à Barcelone pour suivre les cours du Collège Royal de Chirurgie. Il suit aussi des cours de chimie qui sont pour lui l’occasion de publier un travail sur la composition de l’acide chlorhydrique.
Arrivé à Paris Durant l’hiver 1807-1808, Orfila, pourvu d’une bourse pour étudier la minéralogie et la chimie, s’accointe avec un mécène qui lui permet d’utiliser son laboratoire où il commence à donner des cours de physique et chimie « tous les jours, excepté les dimanches, entre quatre et cinq heures du soir ». Il fait aussi la connaissance de Vauquelin qui le tirera d’un mauvais pas quand, après la défaite de Napoléon à Baylen face à l’armée espagnole, tous les Ibères résidant en France sont jetés en prison. Le célèbre chimiste, paré de son uniforme de membre de l’Institut, vient le libérer en répondant de sa conduite.
Orfila va publier en 1817 un manuel de chimie qui va lui apporter une notoriété internationale, son ouvrage étant rapidement traduit en anglais, espagnol et allemand. Naturalisé français le 24 décembre 1818, Orfila est nommé l’année suivante professeur de médecine légale à la Faculté de médecine de Paris. En 1831, il est nommé doyen de la Faculté de médecine de Paris en remplacement d’Antoine Dubois, fonction qu’il occupera jusqu’en 1848.
Abolition du titre d’officier de santé
À peine nommé, Orfila introduit de nombreux changements dans le fonctionnement de la faculté. Ainsi, il réforme l’enseignement médical, rendant obligatoire le baccalauréat es sciences pour accéder au titre de docteur en médecine et oblige les étrangers à passer les mêmes examens que les Français. Il abolit le titre d’officier de santé et rend plus difficile l’accès à l’agrégation.
Création du Musée d’anatomie pathologique
En 1832, il propose la construction de pavillons de dissection. Il crée le Musée d'Anatomie Pathologique (Musée Dupuytren) en 1835 dans l’ancien réfectoire des Cordeliers, puis donne 60 000 francs pour la création du Musée d'Anatomie Comparée (devenu aujourd'hui le Musée Orfila), qui ouvre ses portes en 1845.
il fonde aussi l'Association de prévoyance des médecins et en devient le président...
Orfila était aussi, grâce à sa formation de chimiste, un grand expert en toxicologie et était souvent appelé comme expert auprès des tribunaux dans les procès d'empoisonnement. Ayant adopté un appareil créé par James Marsh en 1836 permettant de détecter l’arsenic, même en très petite quantité dans le foie ou dans le sang. Orfila pouvait ainsi affirmer que, grâce à cette invention, « désormais le crime sera poursuivi avec succès jusque dans son dernier refuge ».
« De l'arsenic… Mais on en trouverait partout, même dans le fauteuil du président ! ».
Le procès le plus célèbre auquel participa Orfila fut l’affaire Lafarge où Marie Capelle était accusée d’avoir tué son mari, M. Lafarge, maître de forges, propriétaire d’un château en Corrèze, en lui faisant « déguster » un gâteau empoisonné. Après trois expertises négatives, le ministère public de Tulle fit venir Orfila de Paris pour une nouvelle autopsie de Charles Lafarge. À la surprise générale, il décèle une quantité minime d’arsenic dans le corps de Lafarge. L'avocat de l'accusée, Me Théodore Bac, demanda alors au célèbre chimiste Raspail de réaliser une contre-expertise, mais, malheureusement celui-ci arrivera quatre heures après que le tribunal ait rendu sa sentence... Raspail ne put ainsi démontrer la présence « naturelle » de l’arsenic dans les os du corps humain, ce qui ne l’empêche pas de ridiculiser Orfila en affirmant haut et fort : « De l'arsenic… Mais on en trouverait partout, même dans le fauteuil du président ! ».
Le 19 septembre 1840, Mme Lafarge est condamnée aux travaux forcés à perpétuité et est incarcérée au bagne de Toulon avant que sa peine soit commuée en détention criminelle à perpétuité. Relaxée par le prince-président Louis-Napoléon Bonaparte en 1852 après qu’elle ait été frappée par la tuberculose.
Orfila se vengera quelques années plus tard de Raspail en le poursuivant pour exercice illégal de la médecine. Raspail fut condamné à quinze francs d'amende mais n'en continua pas moins ses consultations gratuites.
Matthieu Orfila est mort le 12 mars 1853, à l'âge de 66 ans et est inhumé au cimetière du Montparnasse à Paris.
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