C 'EST la réponse à une situation ambiguë, en Afrique, que propose James D. Shelton (Washington) dans une lettre au dernier « Lancet ». Celle de l'utilisation d'un stérilet chez des femmes à risque de MST. Sachant que le taux de maladie inflammatoire du pelvis est élevé avec cette contraception, elle est habituellement déconseillée dans ces contrées à haute incidence de MST. Pourtant, J. D. Shelton démontre, par le calcul, que « bien qu'il ait des désavantages, le DIU offre, en outre, des bénéfices considérables, incluant efficacité similaire à celle de la stérilisation, réversibilité et utilisation potentielle pendant une décade. Davantage de femmes devraient se voir offrir le DIU comme une alternative réaliste de contraception. »
Le médecin de l'Agence internationale pour le développement est parti d'études existantes pour calculer le risque de maladie inflammatoire du pelvis attribuable au DIU. Il s'est appuyé sur une hypothèse biologique : l'affection pelvienne survient dans les premiers mois suivant le geste et résulte de l'insertion du DIU, alors que coexiste une infection gynécologique à chlamydia ou à gonocoque.
La prévalence de ces deux infections en Afrique est de l'ordre de 10 %. Une étude menée au Kenya montre que le simple fait d'interroger les patientes sur leur risque de MST permet de sélectionner un groupe de femmes susceptibles d'utiliser un DIU avec un risque de chlamydiase ou de gonococcie réduit de 50 %. La pose d'un stérilet, en présence de ces deux pathogènes, donne un risque de survenue de maladie inflammatoire pelvienne de 3,1 à 5,3 %.
Les mathématiques permettent à l'auteur, en comparant les données avec des femmes non porteuses de stérilet, d'établir que le risque d'infection pelvienne après pose du DIU est de 0,15 % (soit un cas sur six cents). Il propose même des fourchettes de risque. Ainsi, si la prévalence de ces deux germes se situe à 20 %, le risque est de 0,3 %, il s'abaisse à 0,075 % pour une prévalence de 5 %.
Honnêtement, J. D. Shelton reconnaît plusieurs limites à son étude. Entre autres, il ne s'est attaché qu'aux inflammations pelviennes totalement symptomatiques ; trichomoniases et autres infections vaginales ont été omises ; la période de surveillance des femmes est courte (mais le risque est majeur au début).
Malgré ces écueils, J. D. Shelton rappelle que les affections liées au DIU sont peu fréquentes. Le risque tel qu'il l'évalue demeure inférieur à 1 %, même face à une forte prévalence des MST. Ce qui va à l'encontre des notions généralement avancées.
« Lancet », vol. 357, 10 février 2001, p. 443
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