Son père, aubergiste à Carpentras et catholique fervent, rêvait d’en faire un prêtre. Mais le jeune Raspail, fantasque et indiscipliné, n’en avait pas la moindre envie. Renvoyé du séminaire d’Avignon, il composa ainsi pendant les Cent Jours une ode à Napoléon restée fameuse alors qu’il était régent au collège de la ville.
Une jeunesse pleine de frasques
Révoqué, il se décida à monter à Paris pour entamer des études de droit. Une fois encore ses frasques lui valurent d’être exclu du collège Stanislas. Après avoir écrit des pamphlets républicains, il publia en 1821 un brûlot « Les Missionnaires en opposition avec les bonnes mœurs »
Un pionnier de l’hygiène et de l’antisepsie
La même année, dégoûté du droit et devenu libre-penseur, il finit par s’inscrire à la faculté de médecine. Menant de front ses activités politiques – il adhéra au carbonarisme, société secrète conspirant contre le régime en place – et ses études, sa vie était toujours aussi agité. C’est ainsi qu’on le retrouva sur les barricades au cours des Trois Glorieuses (29, 30 et 31 juillet 1830) qui aboutirent à l’exil de Charles X. Sérieusement blessé lors d’un affrontement, il profita de sa convalescence pour fonder un journal d’opposition républicaine, « Le Réformateur » et pour prendre la présidence de la Société des Amis du Peuple.
La liqueur de Raspail
Entre plusieurs séjours en prison – son « second domicile » comme il l’appelle – il publia en 1843, pionnier de l’hygiène et de l’antisepsie dans les classes populaires, une « Histoire naturelle de la santé et de la maladie » et, en 1845, un « Manuel annuaire de la santé » où il donne la recette d’une liqueur hygiénique de dessert : la liqueur de Raspail. La recette ? 4 doigts de cognac (ou armagnac) + 2 doigts de crémant de Loire. Verser directement dans une flûte, le cognac puis le crémant. Agiter doucement avec une petite cuiller. Savourer très lentement. En 1846, il préconisa notamment l’usage du camphre sous différentes formes, ce qui lui vaut une condamnation de la Faculté.
Exil en Belgique
Lors de la Révolution de 1848, il fut un des premiers, comme l’a souligné Karl Marx, à proclamer la République le 22 février. La même année, Raspail fonda un nouveau journal, « L’Ami du peuple », et se déclara comme candidat socialiste à la présidence de la République, mais il ne fut pas élu. En mai 1848, il fut arrêté puis condamné à six ans de prison en 1849. Sa peine étant commuée en bannissement, il s’exila en Belgique pendant dix ans. Amnistié, il rentra en France et devient député des Bouches-du-Rhône de 1869 à 1878. Condamnant la répression sanglante des Versaillais durant la Commune de Paris, il connut de nouveaux déboires judiciaires et fut à nouveau condamné à deux ans de prison.
François Vincent Raspail est décédé le 7 janvier 1878 à Arcueil. Sa devise était : « N’embrassez jamais la cause d’un homme, mais toujours celle de l’humanité ».
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