Considéré comme le fondateur de la dermatologie en France, Jean-Louis Alibert est né à Villefranche-de-Rouergue, dans l’Aveyron, le 2 mai 1768. Après avoir étudié le grec, le latin et la philosophie, Alibert s’engage dans un noviciat dans la Congrégation des Pères de la Doctrine Chrétienne à Toulouse. Mais la Révolution, en déclarant hors la loi les ordres religieux par la loi du 17 août 1792, va bouleverser son destin.
La loi du 14 frimaire de l’an III (4 décembre 1794) ayant créé les Écoles de Santé, Alibert se présente au concours de celle de Paris, le 20 février 1796, et y est brillamment admis. Il va suivre ainsi les cours de Pinel à la Salpêtrière, de Corvisart à la Charité, de Dessault à l’Hôtel-Dieu et de Bichat. Pendant qu'il est encore étudiant, Alibert commence à écrire des articles médicaux ainsi que des travaux philosophiques et médico-littéraires. Il écrit entre autres une « Physiologie des Passions », un traité de moral psychologique.
Le 28 brumaire de l’an VIII (19 novembre 1799), Alibert soutient sa thèse de doctorat prenant pour sujet « les fièvres pernicieuses ou ataxiques intermittentes ». En 1801, le Comité des hôpitaux de Paris, dont fait partie Cabanis avec lequel il s’était lié d’amitié durant ses études, nomme Alibert médecin-adjoint de l'hôpital Saint-Louis (hospice du Nord).
Excentré, l’hôpital Saint-Louis reçoit essentiellement des patients atteints de maladies chroniques ou contagieuses et, surtout, de maladies de la peau comme les ulcères de toute origine, les maladies croûteuses ou le scorbut . Devant cet état de fait, Alibert qui, disait-il, avait la charge d’un cloaque, décide en prenant ses fonctions de faire des maladies de peau sa spécialité, 600 lits de l’hôpital étant occupés en permanence par des patients atteints d’affections dermatologiques.
Dès son arrivée à Saint-Louis, Alibert débute donc ses leçons cliniques sur les maladies cutanées en appliquant à la dermatologie ce qui avait été fait à l'école de Santé par Desault et Corvisart. Ses leçons attirent étudiants, médecins, étrangers et gens à la mode. Les locaux du Pavillon Gabrielle étant devenus trop exigus Alibert fait son cours en plein-air, à l'exemple des philosophes grecs, sous les tilleuls du jardin. Dans son enseignement, il reprend les travaux de Anne-Charles Lorry qui, avant lui, avait fait plusieurs observations sur l'influence de la psychologie sur le développement de certaines maladies cutanées.
Des ouvrages novateurs en dermatologie
Entre 1806 et 1814, Alibert va publier plusieurs ouvrages forts novateurs consacrés à la dermatologie : les descriptions y sont faites en français et non en latin et elles sont enrichies de nombreuses illustrations ou peintures en couleurs.
Ainsi, la « Description des maladies de la peau observées à l'hôpital Saint-Louis, et exposition des meilleures méthodes suivies pour leur traitement » comporte 53 planches en couleurs. Et, dans son « Précis théorique et pratique sur les maladies de la peau » , Alibert fait la première description de ce qu’il dénomme le mycosis fongoïde appelé aujourd’hui maladie d’Alibert. Il lui revient aussi la création des mots dermatose et syphilide.
Alibert tente aussi durant ses années à l’hôpital Saint-Louis de résoudre le problème de la contagion de certaines dermatoses en utilisant le procédé de l'inoculation qu'il pratique non seulement sur des animaux mais aussi sur lui-même et certains de ses élèves ; c’est ainsi qu’il envisage le rôle du sarcopte acarien dans la transmission de la gale, role qui sera confirmé plus tard, en 1834, par un de ses étudiants d’origine corse,Renucci.
En 1817, dans sa « Nosologie naturelle ou les maladies du corps humain distribuées par famille », Alibert classe les maladies par organe. Et il imagine le célèbre « Arbre des dermatoses » inspiré de l’« Arbre des Fièvres » de Francesco Torti.
Médecin de Louis XVIII et de Charles X
Parallèlement à ses recherches dermatologiques, Alibert est nommé sur la recommandation d’Antoine Portal médecin consultant de Louis XVIII en 1815 avant de devenir son premier médecin ordinaire en 1818, ce qui le contraint à abandonner son poste de chef de service à l’Hôtel-Dieu. À la mort de Louis XVIII en septembre 1824, Charles X à son tour en fait son médecin personnel et lui accorde même le titre de baron en 1827.
Jean-Louis Alibert meurt à Paris, à 69 ans, le 4 novembre 1837 d’un cancer de l’estomac et est inhumé, le 7 novembre au cimetière du Père-Lachaise . Quelques mois plus tard, sa dépouille sera transférée dans sa ville natale deVillefranche-de-Rouergue, puis dans la chapelle de son château du domaine des Aliberts.
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