JAZZ-ROCK
PAR DIDIER PENNEQUIN
L E raï est la musique algérienne d'aujourd'hui. Mais en marge de ce courant populaire et souvent engagé, de jeunes musiciens ont choisi de s'exprimer dans un style qui marie rythmes traditionnels et modernes aux sonorités du jazz. C'est le cas de Karim Ziad.
Né à Alger voici 34 ans, le chanteur-percussionniste-guitariste vient d'être remarqué avec la sortie en France de son premier album, « Ifrikya » (The Act Company/Night & Day). Installé dans l'Hexagone depuis le début des années 1980, le musicien a été nourri aux styles des pianistes Chick Corea et Keith Jarrett, avant de rencontrer Cheb Mami avec qui il tourne pendant huit ans, puis des jazzmen comme Jeff Gardner et surtout le claviériste Joe Zawinul en 1999.
« Ifrikya », enregistré avec plusieurs jazzmen comme Alain Debiossat (saxes), Bojan Z. (claviers), Nguyên Lê (guitare), Michel Alibo (basse) et des musiciens maghrébins, est un CD très climatique dans lequel se mêlent sonorités et rythmes orientaux et improvisations jazz pour un très bel effet musical (1).
Dans une toute autre ambiance mais dans le même esprit, il faut noter la rencontre particulièrement explosive musicalement entre le percussionniste turc Burhan Oçal et le bassiste électrique Jamaaladeen Tacuma au sein du groupe « Groove Alla Turca », dont le disque éponyme déjà sorti en 1997 en Turquie, avec la chanteuse Natacha Atlas, vient enfin de paraître en France (Doublemoon Records/Night & Day).
Le projet est détonnant quand on connaît notamment le passé musical de Jamaaladeen Tacuma, 44 ans, ex-membre du Prime Time d'Ornette Coleman pour des albums harmolodiques et funk de légende, et bassiste d'une rare virtuosité et vélocité. Quant à Burhan Oçal, qui a fréquenté un temps Joe Zawinul, il est passionné de rythmes traditionnels et jazz, et est un des fondateurs du style funk oriental.
Saxophoniste-ténor et pianiste également d'origine turque, Tuna Otenel a enregistré récemment un second CD, « Voyageur » (Jazzenville), dans lequel il est accompagné de pointures du jazz français comme Pierre Michelot (contrebasse) et Philippe Combelle (batterie) ainsi que du tromboniste brésilien Raul de Souza. Un authentique disque de jazz fait de compositions originales et de mélodies expressives.
Au-delà d'un Orient proche, se profile l'Inde. Mukta, un groupe de la région de Nantes, a réussi le difficile pari de mélanger les rythmes, les mélodies et les sonorités indiennes aux structures musicales jazz.
La seconde production du quintette, co-dirigé par Simon Mary (basse) et Brigitte Menon (sitar, tampura), « Dancing on One's Hand » (WEA), est une fois de plus révélatrice du mariage passionnant qui peut être réalisé entre deux musiques et cultures certes différentes mais partageant un même était d'esprit au niveau de l'improvisation. Le tout augmenté par des sons tendance techno (2).
(1) New Morning (01.45.23.51.41), 6 mars, 21 h.
(2) Sunset (01.40.26.46.60), du 14 au 17 mars, 21 h.
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