Depuis l’Antiquité et la théorie de l’hétérogenèse, on croyait que les organismes inférieurs pouvaient naître de conditions physico-chimiques particulières et ainsi que la vie pouvait émerger du non-vivant. Une idée millénaire qui faisait dire à Pasteur que « les plus grandes erreurs peuvent compter par siècles leur existence ».
Pasteur combattit la théorie de l’hétérogenèse dès 1858, s’opposant à cette occasion à Félix-Archimède Bouchet, un biologiste qui était aussi directeur du Musée d’Histoire Naturelle de Rouen qui affirmait haut et fort que les micro-organismes étaient le résultat d’une génération spontanée et que renier ce fait, c’était renier la création divine.
« Il n’y a ni religion, ni philosophie, ni athéisme, ni matérialisme qui tienne…
Pasteur, appliquant une démarche scientifique rigoureuse, reprenant les travaux de Schwann notamment, va démontrer en 1861 que tout germe provient nécessairement d’un autre germe, que ces organismes existent dans les poussières de l’air et qu’il suffit de maintenir un milieu de culture à l’abri de celui-ci pour qu’il reste stérile. Il en profite pour envoyer une pique à Pouchet qui, l’année précédente, avait publié avec un médecin anglais, Bastian, un traité sur la génération spontanée étayée par de nombreux exemples expérimentaux qui sont en fait autant d’exemples de contamination par l’air extérieur. « Il n’y a ni religion, ni philosophie, ni athéisme, ni matérialisme qui tienne… Tant pis pour ceux dont les idées philosophiques sont gênées par mes études », affirme ainsi le célèbre savant.
Après avoir reçu le Prix Alhumbert pour ses recherches et enfoncé le clou (« La génération spontanée est une chimère. Chaque fois qu’on y a cru, on a été le jouet d’une erreur »), Pasteur va démonter définitivement le 7 avril 1864 dans le grand amphithéâtre de la Sorbonne la non-existence de l’hétérogenèse.
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