Commission Sénat sur l'hôpital

Patrick Pelloux (Amuf) : « Le service d'accès aux soins ne fait pas baisser la fréquentation des urgences »

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Publié le 17/02/2022
Patrick Pelloux, président de l'Amuf

Patrick Pelloux, président de l'Amuf
Crédit photo : capture écran vidéo Sénat

« L'obligation de faire des gardes, cette contrainte au temps n'est plus d'époque. Les internes ont refusé de faire des gardes quand la spécialité de médecine d'urgence a été créée », s'exclame Patrick Pelloux, président de l'Amuf audionné  par la commission des affaires sociales du Sénat dans le cadre de la mission sur l'hôpital. Et d'enfoncer le clou : « C'est devenu extrêmement difficile de motiver les jeunes générations pour venir faire des gardes. Un travail d'envergue de refonte de tout le système est à faire, mais cela ne sera possible qu'avec des femmes et des hommes qui ont envie de s'investir dans la permanence des soins. Et ils ne le feront que si elle devient attractive pour eux. ».

Le travail est d'envergue pour redonner de l'attractivité médicale. En témoigne une enquête de l'URPS Ile-de-France réalisée en 2020 citée par Olivier Richard, chef du service du Samu des Yvelines, 27% des généralistes qui partent à la retraite ne sont pas remplacés. Comment faire pour d'autres spécialités comme la psychiatrie, l'orthopédie ou la réanimation ? Pour cette dernière, la pandémie a montré ses faiblesses. Alors que le ministre de la Santé a finalement annoncé son intention de créer 1 500 à 2 000 lits de réanimation supplémentaires, Patrick Pelloux s'interroge : « Pour que cela se fasse, il faudra au moins doubler le nombre d'internes dans la spécialité qui tourne aujourd'hui autour de 74 par an. »

Le Ségur a-t-il apporté des financements supplémentaires aux urgences et à la permanence des soins, en plus du service d'accès aux soins. Non, selon Patrick Pelloux, même si cela a été la volonté du gouvernement. Seulement les syndicats de praticiens hospitaliers s'y sont opposés durant la négo du Ségur, et ont préféré un échelon supplémentaire dans leur grille de carrière. Résultat, un décret autorisant la fermeture de services d'urgence et de Smur en cas de problème organisationnel a été publié il y a quelques mois, avec à la clef la fermeture de 70 services d'urgence, indique le président de l'Amuf. Pour autant, le SAS ne répond pas à toutes les interrogations. Selon Serge Smadja, secrétaire général de SOS médecins France, l'obligation que donne le Service d'accès aux soins (SAS) de répondre aux urgences des patients sous les 48 heures n 'est pas une bonne idée. Ceux-ci souhaitent une réponse urgente, en quelques heures.

Sur cette question, Patrick Pelloux est encore plus virulent : « Le SAS a été créé pour engloutir le Samu et devenir une grande plateforme. Cela a englouti des centaines de millions. Mais cela ne fait pas baisser la fréquentation des urgences. Car la médecine veut aller très vite, mais les patients ne sont pas un tableau Excel. Il existe une part d'aléatoire. Tous ces systèmes, y compris l'ambulatoire, n'ont pas prévu que le malade n'irait pas bien et se rendrait aux urgences, et celà depuis 2003. » Résultat, les urgences sont devenus la variable d'ajustement de tout le système.

 

 


Source : lequotidiendumedecin.fr