L E questionnaire sur la permanence des soins adressé par l'Union nationale des omnipraticiens français (UNOF, qui regroupe les généralistes de la CSMF) aux têtes de listes aux municipales dans les principales villes n'a pas eu un succès retentissant. Le Dr Michel Chassang, président du syndicat, le reconnaît bien volontiers. « Nous n'avons eu, confie-t-il, que quelques dizaines de réponses. » En début de semaine, les candidats à Paris ou à Marseille n'avaient toujours pas répondu.
Les réponses soulignent cependant que l'idée de la création de maisons médicales, installées au cur des villes, financées au moins en partie par les municipalités et permettant à des médecins - et éventuellement à des équipes paramédicales et sociales - d'assurer la permanence des soins la nuit et le week-end, fait son chemin. Invités à dire s'ils sont favorables à ce que les communes participent au financement des systèmes de gardes médicales organisés par les médecins libéraux, plusieurs candidats ou maires sortant ont en effet, selon le Dr Chassang, répondu par l'affirmative et évoqué l'idée de ces maisons médicales.
« Au Havre, le maire sortant est d'autant plus favorable aux maisons médicales qu'une telle expérience est déjà en cours dans sa ville, indique le président de l'UNOF. A Lyon, les listes de Michel Mercier (UDF) et de Gérard Collomb (PS) sont aussi partisanes de telles structures, ou plutôt de cabinet, avancées pour la permanence des soins (CAPS) : il s'agirait de cabinets appartenant à la municipalité où les médecins libéraux de garde viendraient assurer la permanence des soins. Ces cabinets disposeraient également d'une voiture avec chauffeur pour permettre aux médecins de garde d'effectuer les visites à domicile dans de meilleures conditions. »
A Rennes, toujours selon le président de l'UNOF, Edmond Hervé, le maire sortant (PS), est favorable à la création de maisons médicales financées par le Fonds d'aide à la qualité des soins (FAQS) créé par la loi de financement de la Sécurité sociale. « A Toulouse, le Dr François Simon (PS) et le Pr Philippe Douste-Blazy (UDF) sont également favorables à des maisons médicales », indique le Dr Michel Chassang.
Des municipalités se sont déjà engagées dans cette voie. Outre le Havre, Roubaix a créé une « maison de santé » où les praticiens libéraux se relaient pour assurer la permanence des soins en soirée jusqu'à minuit. Ils sont rémunérés sur la base de 1 000 F pour des vacations de trois heures et demie. Ces structures ont un double objectif : faciliter l'organisation de la garde médicale par les médecins libéraux et désengorger les services d'urgences des hôpitaux.
Une piste à explorer
La création de maisons médicales - dont l'autre syndicat de généralistes, MG-France, à fait de longue date l'un de ses chevaux de bataille - constitue, selon le leader de l'UNOF, une voie à explorer pour tenter de surmonter les difficultés auxquelles se heurtent actuellement l'organisation de la permanence des soins. « Il y a une démotivation certaine des généralistes, et notamment des jeunes, à l'égard de la permanence des soins : les jeunes ne veulent pas prendre de garde, estime, en effet, le Dr Chassang. Dans les zones urbaines, la féminisation de la profession, ajoutée à l'insécurité, accentue encore cette démotivation. »« Si l'on ne fait rien, prédit-il, il y aura des zones entières sans médecins de garde. » Outre les maisons médicales, une meilleure rémunération des gardes - et notamment la création d'une indemnité forfaitaire d'astreinte rémunérant les médecins de garde la nuit ou le week-end et qui leur assurerait un revenu, même s'ils n'ont pas eu à effectuer de visite -, pourrait, selon le Dr Chassang, éviter une démobilisation de plus en plus importante des généralistes.
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