LE QUOTIDIEN - Certains redoutent que la suppression du concours de l'internat ne tire vers le bas le niveau des étudiants puisque le concours sera remplacé par un examen national classant ouvert à tous. Qu'en pensez-vous ?
PIERRE FERNET - Il ne faut pas oublier que l'internat n'est déjà plus ce qu'il était. Alors que le taux de réussite était de 10 % il y a vingt ans, il est de l'ordre de 50 % depuis une bonne dizaine d'années déjà. L'accès à l'internat à plus d'étudiants s'inscrit donc dans un mouvement de fond.
Le niveau des internes ne va-t-il pas baisser par la-même ?
Au contraire, le niveau général des internes va augmenter. Avec les réformes en cours, tous les étudiants seront de facto confrontés aux patients hospitalisés. Ce qui est important. Par ailleurs, je ne crois pas à la vertu des concours et des examens pour déterminer la qualité des médecins. Il y a un minimum nécessaire. Or, la réforme actuelle me paraît garantir ce minimum. Enfin, les études médicales ne conditionnent pas totalement le devenir des médecins. Il y a aussi la formation continue sur laquelle il faut compter.
Vers quoi, selon vous, la préparation à l'internat doit-elle tendre ?
Je ne crois pas que l'élitisme et le bachotage soient seuls garants d'une médecine de qualité. L'enseignement pour former généralistes et spécialistes doit être une plate-forme. Il faut s'assurer que tous les futurs médecins disposent de cette plate-forme de connaissances commune. L'élite se dégagera de toutes manières.
Les enseignants ne doivent-ils pas également tirer les leçons de la désaffection des étudiants pour l'enseignement universitaire ?
Je ne crois pas que les enseignants de second cycle soient responsables de la désaffection des étudiants. C'est le mode d'enseignement magistral qu'il faut repenser. Néanmoins, enseigner requiert d'avoir une personnalité d'enseignement et une volonté de faire des efforts pédagogiques. Cela s'apprend aussi. C'est pourquoi nous réclamons depuis plusieurs années déjà une évaluation des enseignants.
Au-delà d'une simple évaluation, ne faut-il pas modifier le statut des hospitalo-universitaires ?
Nous ne sommes pas favorables à cette idée. Au sein d'une équipe, il y a des gens qui ont plus de potentialités pour l'enseignement, d'autres pour la recherche, d'autres encore pour les soins. La force même de notre système vient justement de cette pluralité. Revenir à une monoappartenance où l'on choisirait de ne faire que de l'enseignement et du soin hospitalier constituerait à mon sens une grave régression.
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