Dans les troubles bipolaires

Prendre en charge les périodes transitoires

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Publié le 06/04/2017
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BIPO

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Crédit photo : PHANIE

La Journée moniale de la santé, le 7 avril, est le point culminant de la campagne de l'OMS intitulée « Dépression, parlons-en », menée sur toute une année.

La prévention des troubles bipolaires était, elle, au coeur d’une manifestation qui s'est tenue à la Cité des sciences et de l’industrie de Paris. Organisées les 29 et 30 mars sous l’égide d’Argos 2001, association d’aide aux patients, et de la fondation FondaMental, ces rencontres ont notamment abordé la prévention des rechutes, qui doit intervenir lors des phases dites inter-critiques.

Selon le Dr Marc Masson, psychiatre et directeur médical de la Clinique du Château à Garches, « les intervalles libres de crise ne sont pas libres de symptômes ». Trop souvent laissés de côté, ces symptômes résiduels augmentent pourtant significativement les risques de rechute en phase euthymique lorsqu’ils ne font pas l’objet d’une prise en charge spécifique. Ils se caractérisent principalement par une labilité et une hyper-réactivité émotionnelle, des symptômes résiduels dépressifs, des troubles cognitifs, des troubles du sommeil et des rythmes circadiens. Ils altèrent le fonctionnement socio-professionnel des patients, leur qualité de vie, ainsi que leur observance du traitement.

Remédiation cognitive et psychoéducation

La prise en charge de ces symptômes résiduels passe par des stratégies thérapeutiques, pour la plupart non-médicamenteuses, qui concourent à la stabilisation des patients : régulation émotionnelle, remédiation cognitive ou encore psychoéducation. Chez les patients atteints de trouble bipolaire qui présentent un déficit cognitif sévère (30 % des cas) ou un déficit moyen (entre 40 à 60 %) caractérisé par des troubles mnésiques, attentionnels et des fonctions exécutives, la technique de remédiation cognitive a ainsi fait ses preuves. Elle permet d’améliorer les processus cognitifs de manière durable et de réduire leur impact sur le fonctionnement général du patient.

Des stratégies de restauration, par des exercices répétés, ou de compensation, fondées sur les fonctions préservées, sont également mises en œuvre dans des programmes spécifiques développés au sein des centres experts des troubles bipolaires.

De son côté, la psychoéducation a pour objectifs principaux d’améliorer la connaissance qu'ont les patients de leur maladie et de les aider à détecter les signes de rechute. Basée sur des recommandations internationales, elle intervient en complément du traitement médicamenteux en agissant sur les dimensions psychologique, pédagogique et comportementale. Son efficacité sur la réduction des risques de rechute à 24 mois et à 5 ans sur toutes les phases du trouble bipolaire a déjà été prouvée par des études randomisées, comme l’a expliqué le Dr Josselin Houenou, psychiatre à l’Hôpital universitaire Henri Mondor de Créteil. Des essais cliniques réalisés au Centre expert de Grenoble ont montré, grâce à des IRM fonctionnelles, une modification de l’anatomie du cerveau chez les personnes ayant suivi un cursus de psychoéducation, ainsi qu’une amélioration des faisceaux de régulation entre l’amygdale et le cortex préfrontal qui interviennent dans la régulation émotionnelle.

Benoît Thelliez

Source : Le Quotidien du médecin: 9570