La certification périodique des médecins, censée garantir le maintien de leurs compétences et la qualité de leurs pratiques professionnelles, est entrée en vigueur le 1er janvier 2023. Malgré tout, de nombreuses inconnues persistent, notamment concernant le contenu des quatre blocs d’actions (actualisation des connaissances, renforcement des pratiques professionnelles, relations avec les patients et santé personnelle) qui composeront cette certification.
Le Pr Paul Frappé, président du Collège de la médecine générale (CMG), en charge de définir le référentiel pour cette spécialité, reconnaît d’ailleurs que la dernière brique, qui concerne la santé personnelle des médecins, est encore aujourd’hui « la plus discutée ».
Un bloc d’actions encore en construction
« C’est le bloc d’actions le plus novateur par rapport à ce que nous avions l’habitude de voir dans les démarches qualité. Inévitablement, la profession s’interroge sur le contenu et les modalités de cette dernière brique : qu’entend-on par santé personnelle ? que veut-on y mettre ? comment cela va-t-il être validé ? » sont autant de questions qui ont mérité et méritent encore réflexion lors des discussions avec l’ensemble des parties prenantes de la certification périodique.
Mais si le référentiel d’actions est encore aujourd’hui à construire (pour la médecine générale, tout devrait être fixé d’ici l’été, ndlr), le mystère est déjà levé sur certains points. « Il n’y a pas trop de suspens sur le fait que déclarer un médecin traitant pour les libéraux et un médecin du travail pour les salariés soit intégré dans la brique sur la santé personnelle », renseigne le Pr Paul Frappé. Le généraliste stéphanois précise toutefois : « Il ne faut pas que cela soit trop cadrant, pour laisser la liberté à chaque cas individuel, mais l’idée est d’encourager les médecins à avoir leur propre médecin traitant et ne pas s’autodésigner comme tel ».
Un autre point qui pourrait être intégré à cette quatrième brique et qui suscite « beaucoup de craintes » au sein de la profession est l’autoquestionnaire de santé. Concrètement, il s’agira de faire un bilan de sa santé. Le Pr Paul Frappé souhaite toutefois rassurer : « Il ne s’agit évidemment pas de juger l’état de santé du soignant. Les résultats de ce questionnaire ne détermineront en aucun cas la validation ou non de la certification. Il faut vraiment désamorcer cette croyance car l’idée est d’inviter le professionnel de santé à se poser pour voir où il en est au niveau de sa santé. D’ailleurs, contrairement à d’autres pays, la certification périodique n’évaluera pas les résultats des actions entreprises par le professionnel mais évaluera les démarches qu’il a engagées pour suivre ces actions ».
Toujours sur le volet « santé personnelle », le CMG souhaite promouvoir et intégrer la dimension sociale de la santé. « Selon la définition de l’OMS, la santé est un état de bien-être physique, psychologique et social. Malheureusement, cette dernière dimension est souvent oubliée », regrette le Pr Frappé. Le généraliste voudrait que cette dimension soit prise en compte : « Un médecin qui prend soin de sa santé sociale, qu’elle soit environnementale, familiale, financière ou relative à sa carrière, c’est une démarche de santé personnelle ». Il ajoute : « Quand un médecin prend un congé parental, prépare sa retraite ou fait attention à sa sécurité, cela revient également à prendre soin de sa santé. » Ces actions devraient être reconnues dans la certification, selon le président du CMG.
Remède miracle ?
Sans promettre un « coup de baguette magique », le Pr Paul Frappé estime que ce volet « peut faire du bien à la profession ». « Rien que le fait de dire aux professionnels de santé “Non seulement vous avez le droit de prendre soin de votre santé mais c’est également en quelque sorte un devoir” est un message positif. Cela peut être un levier qui permet d’éviter que leur santé se dégrade substantiellement. Finalement, cela va contribuer à la qualité des soins. Un soignant soigné est un meilleur soignant », insiste-t-il.
Les modalités de la certification devraient être fixées très prochainement. Lors du 16e Congrès médecine générale France (CMGF), organisé fin mars à Paris, Marie Daudé, la directrice générale de l’offre de soins (DGOS), avait promis une finalisation du dispositif d’ici la fin du dernier trimestre 2023. Et ce, dans l’objectif de lancer la certification au 1er janvier 2024, une bonne fois pour toutes…
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