Créée en 2000 par le gouvernement Jospin, l’Aide médicale d’État (AME) permet aux étrangers sans papiers qui résident en France depuis plus de trois mois d’être pris en charge à 100 % pour leurs frais hospitaliers et médicaux (tarif Sécurité sociale en secteur 1) sans avance de frais.
Fin 2014, 294 3 000 étrangers en situation irrégulière (57 % d’hommes, plus de 45 % entre 25 et 45 ans, 40 % habitant Paris et la Seine-Saint-Denis) en ont bénéficié, pour un montant annuel moyen de 2 823 euros par bénéficiaire. Soit, pour 2017, un budget de 815,2 millions d’euros (772,5 millions pour l’AME de droit commun, 40 millions de dotation forfaitaire à la CNAMTS et 2,65 millions pour les autres dispositifs). Un budget en progression de 10,3 % (745 millions en 2016 et 735 millions en 2015), adopté en novembre dernier après un véhément débat parlementaire qui donne un avant-goût des prochaines passes d’armes dont la santé des migrants et sa prise en charge ne manqueront pas de faire l’objet.
Supprimer… ou pas
Les positions sont déjà arrêtées. Manuel Valls qui, cette fois, ne semble pas varier de cap, juge « inenvisageable » de toucher à l’AME. « Sa suppression, explique-t-il, coûterait plus cher à la France que son maintien ». Emmanuel Macron a annoncé de son côté la semaine dernière, à Nevers, qu’il s’opposera à la suppression de l’AME demandée par François Fillon.
Dans son programme, le candidat des Républicains écrit vouloir « supprimer l’aide médicale d’État et la remplacer par une dispense de frais de santé limitée (hors mineurs) aux urgences et aux maladies graves ou contagieuses. Cette dispense, précise François Fillon, sera strictement contrôlée : elle ne pourra être obtenue que dans les hôpitaux publics et établissements agréés, et sous réserve d’un examen de la situation du séjour. »
Nicolas Dupont-Aignan se prononce pour la suppression et la création, en lieu et place du dispositif de l’AME de dispensaires dédiés aux migrants. Et Marine Le Pen, via le collectif FN « Usagers de la Santé » annonce qu’elle supprimera l’AME et la remplacera par « une aide exclusivement applicable pour les patients dont le pronostic vital est en engagé, ou en cas de risque majeur de santé publique ». Ledit collectif annonce que le coût réel de l’AME en 2017 dépassera largement le milliard d’euros, compte tenu de l’afflux massif de clandestins potentiellement bénéficiaires et prédit un grave dérapage budgétaire.
Lors de la précédente campagne, Jean-Luc Mélenchon, avait rétorqué : « Madame Le Pen semble ignorer que les microbes ignorent si les humains sur lesquels ils sont ont des papiers ou pas de papier. »
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature