Très souvent source d’inquiétude pour les parents, la déformation positionnelle du crâne du nourrisson, communément nommée « tête plate », vient de faire l’objet d’une recommandation assortie d’une fiche mémo de la Haute autorité de santé et du Conseil national professionnel de pédiatrie. Ces guidelines surtout centrées sur la prévention et la prise en charge des déformations crâniennes positionnelles (DCP) ou plagiocéphalies, sont destinées aux médecins généralistes et professionnels de la petite enfance.
Les principaux messages délivrés par ce travail se veulent rassurants, affirmant que ces déformations sont bénignes : « Aucune donnée de la littérature ne permet de conclure à un lien de causalité entre DCP et retard neuro-développemental, troubles spécifiques ophtalmologiques, oculomoteurs ou vestibulaires. »
Cependant, cette recommandation souligne de commencer par éliminer une éventuelle craniosynostose. Elle est très rare et s’inscrit le plus souvent dans un contexte syndromique (syndrome de Crouzon, d’Apert…). L’examen clinique généralement suffit pour poser le diagnostic de DCP, l’imagerie étant rarement nécessaire. Cet examen clinique est surtout centré sur le neurodéveloppement car une DCP peut être le signe d’appel d’un problème tonico-moteur sous-jacent.
Attention à certains matériels de puériculture
La recommandation rappelle que certaines situations obstétricales peuvent favoriser une plagiocéphalie : primiparité, oligoamnios, grossesse gémellaire, présentation en siège, extraction instrumentale, prématurité.
Après la naissance, le principal facteur de risque est la limitation de la motricité libre et spontanée du nourrisson. Aussi les auteurs de ces guidelines insistent pour faciliter cette mobilité spontanée, en particulier au niveau cervical :
-> Il est préconisé de varier les postures du bébé (latérales ou ventrales, sous le contrôle de parents), encourageant du même coup les rotations spontanées de la tête en raison de stimulations sensorielles diverses. Le portage est conseillé.
-> A côté de cela, pour dormir le bébé doit être couché sur le dos dans un lit adapté, c'est-à-dire sans oreiller, ni couette, couverture ou ours en peluche. Quand il est éveillé, le nouveau-né peut être sur le dos sur un tapis ferme au sol dans un environnement activant sa motricité spontanée, avec des jouets autour de lui, en évitant les arches de jeu ou les « mobiles » qui fixent son regard et son attention.
-> Les cales-têtes, coussins anti-tête-plate, siège-coques… ces différents objets de contention ont un effet délétère car empêchent le nourrisson à mobiliser son cou et sa tête librement. Sans parler de leur risque – pour certains matériels – de favoriser un retournement ventral du bébé (position de couchage déconseillée).
Prise en charge par kinésithérapie et ostéopathie
La prise en charge d’une plagiocéphalie dépend de sa sévérité. Ainsi, une kinésithérapie peut être prescrite en cas de défaut de mobilité cervicale, de torticolis. Même « si les données scientifiques ne permettent pas de recommander l’ostéopathie, une approche ostéopathique à orientation pédiatrique peut-être associée à la kinésithérapie en deuxième intention dans le cadre d’une prise en charge multidisciplinaire », souligne cette recommandation.
Une orientation vers une équipe spécialisée est nécessaire en cas d’absence d’amélioration notable suite à une prise en charge adaptée. Idéalement, cette réorientation vers un centre de référence des malformations crânio-faciales (www.tete-cou.fr) devrait se faire vers la fin du premier semestre du nourrisson.
Le message clé le plus important de cette recommandation est qu’une DCP ne doit en aucun cas remettre en cause le mode de couchage du bébé. Il reste impératif qu’il dorme sur le dos, pour prévenir le risque de mort inattendu du nourrisson.
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