Cela fait sept ans que les chiens ont fait leur entrée à l’Institut Curie. Dès 2016, KDOG, un programme de recherche sur le dépistage du cancer du sein basé sur l’odorologie canine, a été initié par le Dr Isabelle Fromantin, infirmière et chercheure au sein de l'Unité Recherche Plaies et Cicatrisation. Après le succès de la phase préliminaire - plus de 90 % de réussite d’identification -, la phase de recherche clinique se poursuit. « Nous évoquions régulièrement l’idée d’accueillir un chien pour apporter du bien-être aux soignants et aux patients. Comme nous travaillons en étroite collaboration avec des vétérinaires, des éthologues et des éducateurs canins, nous avons élaboré un projet en équipe et la Direction l’a accepté », témoigne le Dr Isabelle Fromantin.
Restait… à trouver le chien. Les critères ont, là aussi, été longuement discutés. « Nous nous sommes mis d’accord sur un chien adulte, assez jeune, de taille moyenne, avec des oreilles basses – car les oreilles dressées peuvent faire peur - et avec une tête à câlins ! poursuit le Dr Isabelle Fromantin. Nos deux robots émotionnels Paro réduisent l’anxiété des patients. Nous avons logiquement pensé qu’un animal aurait davantage d’interactions et que nous avions tout intérêt à mieux utiliser nos ressources propres. Enfin, nous voulions donner sa chance à un chien recueilli par la Société protectrice des animaux ». C’est en décembre dernier que l’équipe a découvert Snoopy, un setter hébergé dans un refuge de Pornic. « Deux infirmiers sont partis le voir avec l’éducatrice canin afin de s’assurer qu’il était calme, aimait aller vers l’humain et n’avait pas peur des bruits. Ce fut un vrai coup de cœur. Le jour même, Snoopy a fait le voyage vers Paris et il a été officiellement adopté un mois plus tard ».
Évaluer le bénéfice de la présence d’un chien de médiation
Patients et personnels soignants bénéficient donc depuis quelques mois de sa présence apaisante. Un bien-être qui sera évalué, en deux temps, dans le cadre d’une étude baptisée M-KDOG. La première année, c’est l’impact sur la qualité de vie au travail (QVT), enjeu majeur pour l’hôpital, qui sera mesuré. « Les soignants se relaient pour sortir Snoopy. Compte tenu de la forte charge émotionnelle liée à notre activité et à notre rythme de travail qui n’autorise aucun répit, ces sorties nous offrent des coupures sympathiques. Vous ne pensez plus à des sujets tristes ou à la fatigue qui s’accumule ». Pour objectiver les résultats, l’étude associera aux échelles classiques de mesure de la QVT des entretiens, réalisés par Cynthia Engels, ergothérapeute, maître de conférences à l’université Paris-Est Créteil, auprès de trois équipes « tests » : l’équipe de l’hôpital de jour en oncologie médicale, l’équipe des soins de support et l’équipe d’hospitalisation en oncologie médicale.
La deuxième partie de l’étude s’intéressera aux patients, étant précisé que pour des questions d’hygiène et de sécurité, le chien ne sera jamais conduit dans des salles de soins, salles de préparation ou espaces accueillant des patients sceptiques ou en aplasie. « Nous définissons actuellement des indications plus précises. Les radiologues ont par exemple sollicité la présence de Snoopy lorsqu’ils réalisent des échographies chez les enfants car elles génèrent énormément de stress. La présence du chien, allongé dans la salle d’examen permettrait de détourner l’attention de l’enfant et de l’apaiser. Nous allons donc éduquer Snoopy pour qu’il ait un comportement adapté à chaque situation et à chaque lieu. Nous devons aussi par exemple lui apprendre à ne pas monter sur un lit d’hospitalisation mais à y poser une patte pour entrer en contact avec le patient ». Une éducation dont se chargent deux professionnels, le Pr Caroline Gilbert, vétérinaire éthologue à l’École nationale vétérinaire d’Alfort et Aurélie Nuzillard, éducatrice canin. Des séances ont aussi été assurées au domicile des soignants qui accueillent Snoopy la nuit – quatre professionnels de santé se partagent la garde – afin d’harmoniser les réflexes d’éducation. Et de permettre à cette « tête à câlins » d’exprimer tout son potentiel.
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