Grâce à un traitement contre la teigne du cuir chevelu qui réduit la durée du traitement de deux ans à trois mois,, Raymond Sabouraud, qui depuis 1897 occupe le poste de chef du laboratoire des teignes de la Ville de Paris à l’hôpital Saint-Louis, peut annoncer ce 2 août 1904, « la guérison de cent teigneux ». Et cela, en toute sécurité, par une seule application d’une dose « mesurée » de rayons X : « Le 13e ou 14e jour, les cheveux commencent à tomber seuls comme les poils d'une fourrure mangée aux vers ». Le traitement innovant de Sabouraud ne visait pas à tuer les champignons, mais à produire une dépilation afin de faciliter la pénétration des germicides et fongicides dans les follicules pileux. Ce traitement par rayons X ne sera abandonné qu’au début des années 1950 lorsque se généralisera l’utilisation de la griséfuline, un antifongique puissant.
Un passionné de microbiologie
Raymond Sabouraud aura consacré toute sa vie aux maladies du cuir chevelu et plus particulièrement aux teignes. Le médecin vendéen était passionné de microbiologie depuis qu’il avait assisté en 1890, alors qu’il était interne au cours de microbiologie d’Emile Roux à l’Institut Pasteur. En 1891, il intègre le service du Pr Trapet à l'hôpital Saint-Antoine où, il se fait installer un modeste laboratoire de bactériologie. Il va dans les années suivantes, appliquer méthodiquement les méthodes pastoriennes de bactériologie à l'étude des mycoses cutanées.
Désormais interne dans le service de dermatologie du Pr Ernest Besnier celui-ci le convainc d’étudier les teignes. Il applique les méthodes pasteuriennes à ses recherches : observations détaillées, examens microscopiques des cheveux malades et des squames, constitution d'une collection de préparations permanentes, culture systématique de chaque cas et conservation des cultures vivantes. Il met au point les milieux de culture standards, connus sous le nom de milieux de Sabouraud , qui lui permettent de différencier les deux types de teignes tondante infantile, l'une à petites spores (microsporie), l'autre à grosses spores (trichophytie). La multiplicité des cultures obtenues, lui enseigne que ces deux types ne correspondent pas chacun à une espèce mycologique unique, comme nombre de dermatologistes le croient alors, mais à des groupes d'espèces, ce qui lui permet d'établir l'existence de plusieurs espèces de Trichophyton. Après avoir exposé les résultats de ses travaux sur les teignes le 2 mars 1894 devant la Société de dermatologie enprésentant deux cents tubes de culture, correspondant à une cinquantaine d'espèces, Sabouraud soutient sa thèse de doctorat Des trichophyties humaines le 25 avril. La même année, il est envoyé en mission à l'hôpital de Berck, pour juguler une épidémie de teigne qui touche 300 malades sur les 600 hospitalisés.
Président de la Société de Dermatologie en 1929
Sabouraud qui fut aussi un sculpteur de grand talent, ami du peintre Odilon Redon, dirigea jusqu’à sa retraite en 1929, à l’hôpital Saint-Louis, l'Ecole Lailler (école fondée pour éduquer tout en les soignant les enfants teigneux) . Elu président de la Société de Dermatologie en 1929, Sabouraud fit paraître entre 1902 et 1929 cinq volumes consacrés aux maladies du cuir chevelu :
- Les maladies séborrhéiques (1902),
- Les maladies desquamatiques - Pityriasis et alopécies pelliculaires (1904),
- Maladies cryptogamiques - Les teignes (1910),
- Les maladies supuratives et exsudatives - Pyodermites et eczéma (1928),
- Les syndromes alopéciques - Pelades et alopécies en aires (1929).
Sabouraud participa également à la rédaction d'une encyclopédie de la dermatologie en huit volumes appelée Nouvelle Pratique Dermatologique, avec notamment Ferdinand-Jean Darier et Henri Gougerot . Raymond Sabouraud est mort le 4 février 1938, ayant consacré toutes ses dernières années à la sculpture, membre sociétaire du Salon d’Automne et exposant régulier au Salon des Tuileries.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature