Depuis le démantèlement de la jungle de Calais, c’est vers Paris qu’affluent les migrants, en majorité Soudanais, Érythréens et Afghans, principalement dans les 10e et 19e arrondissements (Gare de l’Est, Stalingrad, Barbès, Goutte-d’or).
Des campements sauvages ayant été à leur tour évacués, les migrants adultes sont censés être pris en charge dans un ancien entrepôt, Porte de La Chapelle, tandis qu’un dispositif d’accueil reçoit les familles et les mineurs à Châtenay-Malabry (Hauts-de-Seine). Avec 120 salariés et 500 bénévoles, le centre de la Chapelle peut héberger momentanément 400 personnes, à raison d’une soixantaine d’arrivants par jour, le temps de les diriger vers les centres d’accueil et d’orientation (CAO) créés par l’État dans les régions, ou vers des centres d’hébergement d’urgence pour migrants.
Des consultations médicales sont proposées pour traiter les principaux problèmes de santé, tels que Médecins du Monde les a listés : infections virales saisonnières et blessures ou traumatismes liés aux conditions de voyage éprouvantes, maladies chroniques (hypertension, diabète, maladies cardiovasculaires et asthme), risques de maladies infectieuses liés aux déficits de protection vaccinale dans les pays en guerre, invalidités temporaires ou durables dues aux violences et souffrances psychologiques (dépression, angoisse, troubles somatiques).
Couvertures confisquées
Avec ses chambres de quatre personnes, une laverie, et même des appareils de musculation et des tables de ping-pong, ce centre modèle destiné à briser le cycle des démantèlements et des reconstitutions de campements sauvages, s’est très rapidement trouvé débordé.
Environ 100 à 150 personnes tentent chaque jour d’y être admises, la plupart devant dormir plusieurs nuits à l’extérieur avant d’obtenir l’accès. Alors que les températures ont été négatives la semaine dernière, Médecins sans frontières alerte sur la systématisation de violences policières qu’elles subiraient. Les forces de l’ordre harcèlent les migrants en pleine nuit et leur confisquent leurs couvertures. En une semaine de consultations ambulatoires, les équipes de MSF ont dû prendre en charge huit personnes en situation proche de l'hypothermie.
« En plein cœur de l’hiver, proteste la coordinatrice de programme migrants à MSF, Corinne Torre, les pouvoirs publics devraient être en mesure de fournir des places d’hébergement à tous les migrants, en urgence. Au lieu de quoi, les forces de l’ordre leur retirent leurs couvertures ou les obligent à rester debout dans la file d’attente du centre des heures durant, dans une tentative dérisoire de soustraire cette population en détresse à la vue du public. Ce déni de réalité par la violence doit cesser, s’indigne la responsable de MSF, car ces pratiques inacceptables mettent en danger la vie des migrants. »
« Ce que font aujourd’hui les forces de police, répond le ministre de l’Intérieur, Bruno Le Roux, c’est de la mise à l’abri de personnes qui sont vulnérables (…) C’est vrai, quelquefois, il peut y avoir une forme de contrainte à mettre à l’abri des personnes vulnérables. » La préfecture de région reconnaît qu’il y a des « améliorations sans doute à faire » pour prendre en charge les migrants. « Il faut voir comment on gère le volant des gens qui arrivent après la fermeture (de 18 heures) », indique-t-on du côté de la Ville, qui a promis 200 places de plus. « Ce qui empêche des campements sauvages de se reconstituer, ce n’est pas le centre, s’indigne une bénévole du Collectif parisien de soutien aux exilés, mais les actions policières agressives qui se multiplient dans les quartiers de la Chapelle ou de Stalingrad. »
Depuis l’évacuation du dernier grand campement parisien, le gouvernement a annoncé qu’il ne tolérerait aucun nouveau campement dans la capitale, grillageant les anciens lieux de regroupement et intensifiant les patrouilles de surveillance. Mais lundi un nouveau campement était installé dans le 18e arrondissement, démantelé dès le lendemain.
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