À Sens, SOS au secours des patients sans médecin traitant

Publié le 09/02/2016
Dr. Jean-Luc Dinet

Dr. Jean-Luc Dinet

À situation exceptionnelle, partenariat inédit. Depuis le début de l’année, Sens expérimente un nouveau dispositif en coopération avec SOS médecins pour pallier le manque de généralistes. Un jour par semaine, les médecins volontaires de l’association abandonnent, à tour de rôle, le soin inopiné pour s’occuper de la partie traitante de patients. « On a récupéré des personnes qui n’ont pas vu de médecin traitant depuis parfois plusieurs années », rapporte le Dr Jean-Luc Dinet. Car, dans cette ville de l’Yonne de 50 000 habitants, environ un tiers d’entre eux n’a pas de médecin traitant, souligne le président de l’antenne locale de SOS médecins. En 20 ans, la ville a perdu près de la moitié de ses généralistes, passant de 47 à seulement 26 aujourd’hui. Et Jean-Luc Dinet de préciser que « 60 % d’entre eux ont plus de 55 ans ».

Des patients âgés, isolés et souffrant de maladie chronique 

Pour être pris en charge par un professionnel de SOS médecins, il faut être retraité, ne pas avoir de médecin traitant et souffrir d’une maladie chronique. Des critères d’inclusion relativement stricts, concède Jean-Luc Dinet, mais qui pourront évoluer s’ils se révèlent trop restrictifs. Un mois et demi après la mise en route du partenariat, « on a vu une vingtaine de patients », poursuit le généraliste pour qui c’est « très compliqué d’identifier les patients car ce sont des gens isolés ». 

« On a récupéré des patients qui n’ont pas vu de médecin traitant depuis parfois plusieurs années, qui n’ont plus de parcours de soins », ajoute-il. Ce qui rend la première consultation « très chronophage, estime-t-il, car il faut tout reprendre à zéro, débrouiller un dossier énorme ». Faute d’être régulièrement suivis, Jean-Luc Dinet explique que les patients ont pratiqué une forme de nomadisme médical et vu leurs traitements renouvelés « sur un coin de table ce qui n’est médicalement pas optimal ».

Un élan de groupe exportable 

Dans le cadre du programme élaboré par SOS médecins et le Centre communal d’action sociale (CCAS) de Sens, ils seront revus tous les trimestres. Mais ne pourront pas, pour autant, déclarer l’un des praticiens de l’association comme médecin traitant. « C’est une dynamique de groupe », justifie Jean-Luc Dinet qui aurait souhaité que « ça soit la structure (qui) soit désignée comme traitante, mais ça coince au niveau de l’Assurance maladie ». Ça n’empêche toutefois pas les patients d’être remboursés, sur la base du tarif d’une consultation ou visite en secteur 1.

À terme, l’objectif du partenariat est… « que ce système disparaisse », assure Jean-Luc Dinet craignant qu’il participe à l’avènement « des Resto du cœur de la santé ». S’il ne souhaite pas voir ce partenariat se pérenniser, il estime toutefois « démontrer que le modèle fonctionne et peut-être décliné partout ». Et espère que toute cette histoire aura permis « de montrer aux jeunes médecins que ça bouge à Sens». 

Luce Burnod

Source : lequotidiendumedecin.fr