De notre correspondant
S ELON vous, les adolescents (teen-agers) ne sont intéressés que par le sexe, la drogue et l'alcool ? Ce n'est pas sûr du tout, répondent les auteurs de l'étude dirigés par Mary Jane Rotheram-Borus, professeur de psychiatrie et de sciences du comportement à UCLA. Elle affirme que son équipe a mis au point une méthode capable de diminuer la propagation du SIDA dans le monde.
En effet, des jeunes gens infectés par le VIH, qui ont participé à son programme, ont diminué de 82 % leurs actes sexuels à risque et de 30 % leur consommation de drogue. L'étude a été conduite entre 1994 et 1996 avant la mise sur le marché des antirétroviraux et inhibiteurs de protéase. Un programme d'intervention en 23 séances a été mis en place dans neuf cliniques de Los Angeles, Miami, New York et San Francisco. Trois cent dix adolescents ou jeunes gens, garçons et filles, dont l'âge allait de 13 à 24 ans, et appartenant à diverses etnies (Noirs, Blancs, Hispaniques, Indiens), ont été recrutés. La moitié du groupe a participé à l'étude, l'autre moitié a servi de groupe contrôle.
Le programme, d'une durée de six mois, était divisé en deux phases. La première, intitulée « Stay Healthy » (restez en bonne santé), comportait 12 séances destinées à adapter la conduite personnelle des « teens » à leur statut de séropositifs : les enseignants leur apprenaient des comportements pour combattre la maladie : changements dans la routine quotidienne, formation à la communication avec les soignants et aux décisions concernant les soins qui leur étaient nécessaires.
La seconde phase, appelée « Act Safe » (agissez en toute sécurité), comprenait les onze séances restantes. Elle était entièrement consacrée aux moyens d'éviter de contaminer un partenaire sexuel, à l'examen des facteurs qui avaient entraîné la prise de drogues (conflits sentimentaux, mauvaises relations avec les parents, pressions de l'entourage). Les adolescents, au cours de la seconde phase, apprenaient aussi à utiliser les préservatifs et à modifier leur comportement de toxicomanes de façon à ne pas mettre en danger leur partenaire.
Au terme de la seconde phase, le résultat était plus qu'encourageant : les participants signalaient une réduction de 82 % des actes sexuels non protégés, avaient réduit de 45 % leurs relations sexuelles avec des partenaires séronégatifs et 31 % avaient réduit leur consommation de drogue.
Au cours de la première phase (Stay Healthy), les résultats ont été bons surtout chez les filles. Dans 46 % des cas, elles ont adopté de nouveaux modes de vie, régime équilibré, exercices physiques, supplémentations en vitamines et heures de sommeil suffisantes.
« Notre étude montre que des programmes de nature purement psychologique sont efficaces sur les adolescents séropositifs, déclare Mme Rotheram-Borus, en réduisant leurs conduites à risque, qui sont l'un des facteurs de la propagation du SIDA. Et nous pensons que si de tels programmes sont appliqués dans le monde entier, notamment dans le tiers-monde, on pourrait réduire dans des proportions surprenantes la pandémie de SIDA. »
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