Innover grâce au reprofilage 

Terali veut donner une deuxième vie aux vieux médicaments

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Publié le 23/05/2016
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Sortir d’impasses thérapeutiques en remettant au goût du jour des médicaments du passé dans de nouvelles indications. Telle est l’ambition du laboratoire Terali qui a placé le reprofilage de molécules au cœur de sa stratégie de R&D. 

Loin des méthodes informatiques de criblage aléatoire de bibliothèques de molécules sur puces biologiques, le laboratoire Terali, spécialisé dans les compléments alimentaires et produits hospitaliers de niche, a opté pour une approche plus « traditionnelle » en ciblant un champ restreint de pathologies. « C’est par la veille scientifique que l’on arrive à identifier les molécules qui peuvent avoir une seconde vie au regard des nouveaux mécanismes d’action mis à jour par la recherche actuelle », explique le Dr Thierry Plouvier, directeur général de Terali.

Après analyse d’environ 150 molécules, deux ont finalement été retenues : l’une dans le cadre du traitement de l’autisme et de l’épilepsie réfractaire, l’autre dans les neuropathies périphériques associées à une chimiothérapie. « Le grand avantage de ces molécules déjà commercialisées, c’est que l’on connaît déjà leur rapport bénéfice-risque », ce qui permet de « dérisquer grandement » l’activité de recherche et développement, avec « une probabilité de succès de l’ordre de 50 à 60 % », souligne le Dr Plouvier. L’autre versant du reprofilage de molécules mises sur le marché il y a 20 ou 50 ans se joue au niveau du développement expérimental de nouveaux processus de fabrication répondant aux standards actuels.

Partenariat avec l'AP-HP

C’est dans cette optique que le laboratoire Terali a investi dans une nouvelle usine de production pharmaceutique située à Guéret (Creuse), avec le soutien entre autres de la région Limousin et d’investisseurs privés. « Nous pensons recevoir la certification de l'ANSM du site d’ici à la fin de l’année 2016. En parallèle, un premier lot expérimental devrait sortir durant l’été pour l’un des deux produits en cours développement », précise le directeur général de Terali, qui vise des lancements entre 2017 et 2018 au sein de centres experts hospitaliers. Le laboratoire dont le siège est implanté à Fondettes, près de Tours (Indre-et-Loire) a récemment signé un accord de confidentialité avec l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) dans une autre indication.

Séduire la Big pharma

« Nous avons aussi des partenariats avec le CNRS sur des projets beaucoup plus précoces. L’un dans le traitement de certains types de tuberculose multi-résistante et l’autre dans la sclérose latérale amyotrophique », ajoute le Dr Plouvier. Après avoir exercé une trentaine d’années dans l’industrie pharmaceutique (Eli Lilly, Genentech, Fournier, Debat, Smithkline Beecham biological, Chiesi…) et racheté en 2009 les laboratoires Poirier devenus Terali en 2011, ce dernier espère également susciter l’intérêt de grands laboratoires. Thierry Plouvier a déjà réussi à convaincre deux experts internationaux d’investir dans sa PME : le Pr Trevor Jones, ancien vice-président de la R&D de la fondation Wellcome et le Pr Clive Page chef du service de pharmacologie respiratoire à l’université de King’s College de Londres.

David Bilhaut

Source : Le Quotidien du médecin: 9498