Le 1er piège à éviter est de ne penser à l’asthme en absence de dyspnée et de sifflements caractéristiques. « L’asthme ne se réduit pas à la crise d’asthme. Il se manifeste par des symptômes divers, diversement associés et diversement intenses. Ce peut être la toux, des sifflements, des difficultés respiratoires, une sensation d’oppression, mais aussi une hypersécrétion avec un tableau de bronchite qui traîne (notion fréquente de sifflements), une toux chronique ou nocturne… » insiste le Dr Salmeron.
Le diagnostic d’asthme se pose à tout âge. « L’asthme tardif, après 65 ans est une entité reconnue. Sachons poser et retenir un diagnostic d’asthme chez le sujet âgé devant une clinique caractéristique avec des facteurs déclenchants. Bien entendu, la réalisation d’une radiographie de thorax et des épreuves fonctionnelles respiratoires sera indispensable », recommande le spécialiste.
Une toux chronique ou des épisodes respiratoires qui se répètent, notamment en cas de facteurs déclenchants stéréotypés, doivent faire évoquer l’asthme. Des facteurs irritants sont souvent identifiés par le patient : produits d’entretien, vaporisateurs, parfums, fumées de cigarette, poussières, peintures et solvants, infections virales, etc. Si un traitement d’épreuve par corticoïde inhalé est prescrit, il doit l’être pendant au moins 3 mois pour juger de son efficacité. La posologie des corticoïdes inhalés et l’éventuelle association à des bronchodilatateurs de longue durée d'action est jugée au cas par cas selon l'intensité des symptômes et la fonction respiratoire. Le patient devrait s’améliorer après 15 jours, mais de manière très significative après 2 mois de traitement si le patient est asthmatique.
Quantifier le contrôle de l’asthme
L’asthme est caractérisé par une hyperréactivité bronchique (hypersensibilité des bronches) responsable des variations de l'état respiratoire à court et long terme. Un asthmatique qui va très bien, mais qui a une hyperréactivité bronchique importante, peut brutalement présenter une crise sévère qui nécessitera un recours aux soins après contact avec un facteur déclenchant « banal » si l'exposition est importante. À chaque consultation, il est nécessaire de quantifier le contrôle de l’asthme. On peut s’appuyer sur les recommandations internationales. Le contrôle de l'asthme doit être classé en : Bien contrôlé, partiellement contrôlé, mal contrôlé. On peut également utiliser le test de contrôle de l’asthme (ACT). La prescription dépendra du niveau de contrôle. Si l’asthme est bien contrôlé, le traitement peut être reconduit, sinon il faut passer au palier supérieur. Si l’asthme est bien contrôlé et la fonction respiratoire optimale depuis plusieurs mois, une décroissance peut être envisagée.
L’indispensable plan d’action
L’éducation thérapeutique est essentielle. Pour le Dr Salmeron, « Les patients doivent bien connaître leur maladie. Expliquer que le muscle se contracte mais que le problème vient de l’inflammation muqueuse, préciser les deux cibles des médicaments, les facteurs déclenchants, les critères de gravité ».
Elément très important, tout asthmatique – même intermittent — doit avoir un plan d’action en cas d'exacerbation : augmenter les doses et si besoin recourir à la corticothérapie orale de courte durée. Pour le Dr Salmeron, « On évite bien des hospitalisations en urgence en écrivant sur l’ordonnance : si vous prenez plus de 4 à 6 bouffées de votre bronchodilatateur pendant 2 jours de suite c’est que cela ne va pas, prenez votre corticoïde oral prescrit (prednisone 40 mg/j ou équivalent) pendant 5 à 7 jours ».
Pour tous les asthmatiques, insister sur l'observance thérapeutique et vérifier les techniques de prise médicamenteuse. Toujours vérifier que les médicaments inhalés sont pris correctement !
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