Transplantations : un risque élevé d'ostéoporose

Publié le 11/02/2001
Article réservé aux abonnés

L A mesure de la densité minérale osseuse et la recherche de facteurs de risque d'ostéoporose devraient faire partie de l'évaluation pré-transplantation des patients, estiment Gudrun Leidig-Bruckner et coll. (Heidelberg, Allemagne), qui ont suivi pendant sept ans 105 patients (88 hommes et 17 femmes) après transplantation cardiaque et 130 autres patients (75 hommes et 55 femmes) après transplantation hépatique. Au cours des deux premières années suivant le geste chirurgical, 21 % des transplantés hépatiques et 27 % des transplantés cardiaques ont présenté une fracture vertébrale. Pendant la durée totale de l'étude, un tiers de ces patients ont eu une seule fracture vertébrale ; les deux tiers en ont eu plusieurs, qui étaient associées à des douleurs chroniques et à une altération de la qualité de vie.
Les facteurs prédictifs des fractures ont été étudiés. Chez les transplantés cardiaques, ils sont constitués par l'âge des patients et la densité minérale osseuse au niveau du rachis. Chez les transplantés du foie, un seul facteur prédictif de fractures a été identifié, représenté par la présence d'une fracture vertébrale antérieure à la transplantation.
L'âge est associé à un risque augmenté seulement chez les transplantés cardiaques et non chez les transplantés hépatiques. Comme les transplantés du cœur sont en règle générale de dix ans plus âgés que les transplantés hépatiques, le perte osseuse liée à l'âge représente un facteur de risque supplémentaire dans le groupe des transplantés cardiaques. Chez eux par ailleurs, l'altération de la vascularisation due aux modifications athérosclérotiques peut altérer le métabolisme et augmenter le risque d'ostéoporose.
Il existe un risque augmenté de voir survenir d'autres fractures lorsque préexiste une fracture vertébrale dans le groupe des femmes ayant une ostéoporose post-ménopausique. Cela n'est pas spécifique à la maladie osseuse post-transplantation, mais montre la nécessité d'inclure des radiographies rachidiennes dans le bilan des patientes en cas d'indication de transplantation d'organe.
Il existe un risque plus élevé chez les femmes que chez les hommes et chez les patients présentant une cholestase comparativement aux autres types d'atteintes hépatiques.
L'ostéoporose est une complication connue de la cholestase ; elle peut préexister à la transplantation et tend à s'aggraver pendant la première année. Toutefois, les fractures ostéoporotiques surviennent dans l'ensemble du groupe des transplantés du foie et pas seulement dans le sous-groupe des cholestatiques.
On a étudié les traitements après transplantation et le nombre des épisodes de rejet, sans trouver de lien avec la survenue des fractures.
Au total, la fréquence élevée des fractures ostéoporotiques dans les deux années qui suivent une transplantation et le peu de données que l'on a concernant les facteurs prédictifs montrent la nécessité de s'intéresser aux traitements préventifs, concluent les auteurs.

« Lancet », vol. 357, 3 février 2001, pp.342-347.

Dr Béatrice VUAILLE

Source : lequotidiendumedecin.fr: 6854