Trop de césariennes pour le Collège des obstétriciens

Publié le 20/11/2014

Crédit photo : APHP-COCHIN-VOISIN/PHANIE

« Les recommandations de l’Organisation Mondiale de la Santé chiffrent le taux « idéal de césariennes » à 15%. Le taux français, estimé à 20% est donc trop élevé, non sans retentissement sur la santé de la mère et de l’enfant et doit être abaissé ». C’est le secrétaire général du CNGOF lui-même qui le dit. Le Pr Philippe Deruelle s’exprimait jeudi lors d’une conférence de presse consacrées aux 38èmes journées nationales du Collège national des gynécologues et obstétriciens français au cours de laquelle le Collège a délivré une série de préconisations dans ce but. Tout d’abord une meilleure information des femmes dès le début de leur grossesse pour que la césarienne programmée ne soit pas considérée comme une option de confort sans risques. Des efforts doivent aussi être menés afin de diminuer le pourcentage de césariennes pour siège en proposant une manœuvre par version externe, efficace six fois sur dix chez les multipares, et dans 3 cas sur dix chez les primipares. Il faut également mieux évaluer le niveau d’oxygénation du bébé pour éviter les césariennes dues à une anomalie du rythme cardique foetal. Enfin, un deuxième avis, difficile certes à mettre en place, permettrait dans un certain nombre de cas, de renoncer à la césarienne.

 

Césariennes à géométrie variable

Deuxième constat du CNGOF : la pratique de la césarienne admet de fortes disparités selon les maternités, ce qui crée une inégalité de prise en charge des femmes enceintes sur le territoire. C’est pourquoi la HAS lance une étude sur la grande hétérogénéité de la mise en œuvre de ce mode de délivrance en France, pour comprendre son mécanisme et tenter d’y remédier.

Selon le Pr Deruelle, la hausse continue du pourcentage de césariennes, constaté depuis les années soixante jusqu’en 2004 est due, d’une part, à l’augmentation du nombre de césariennes pour présentation du siège, d’autre part, à la judiciarisation croissante de la profession d’obstétricien, qui s’est encore accrue depuis l’arrêt Perruche.

 

Le passage de la filière génitale important pour l’enfant à naître

Or cette pratique, contrairement aux idées reçues n’est pas sans danger pour la santé de la mère et de l’enfant. Elle ne diminue pas la mortalité et la morbidité néonatale comme en témoigne le taux particulièrement bas de césarienne en Finlande où la mortalité néonatale est faible.

Par ailleurs, pour le nouveau-né, le stress du passage dans les voies génitales maternelles est utile, car il permet une meilleure adaptation à la vie extra-utérine. Les enfants nés par voie naturelle ont ainsi moins souvent des difficultés respiratoires que ceux nés par césarienne, ils ont également moins de risque de présenter une hypothermie. De plus, à long terme, des études récentes montrent chez l’enfant, né d’une césarienne, une augmentation du risque d’obésité, de diabète, d’asthme et de maladies inflammatoires de l’intestin. Quant à la mère, la césarienne augmente son risque infectieux, hémorragique ainsi que celui de phlébite, et, globalement, la mortalité maternelle.

Il n’est pas inutile de rappeler toutefois que la France n’est pas le pays au monde qui pratique le plus de césariennes : si le taux national est supérieur à ceux de la Finlande de la Suède, de la Norvège (voisin de 17%), il reste en effet moins élevé que ceux de la Grande Bretagne (24%), des Etats unis (31%) et de la Chine ( 52%).


Dr Alain Dorra

Source : lequotidiendumedecin.fr