En 2 017, dans le monde, 1,3 million de personnes séronégatives pour le VIH et 300 000 personnes séropositives sont mortes des suites d'une tuberculose. On estime en outre que 10 millions de personnes ont contracté la maladie, dont 1 million d'enfants. Ces chiffres présentés dans le rapport 2 018 de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) sont en diminution par rapport aux années précédentes. Entre 2 013 et 2 017, le nombre de nouveaux cas a chuté de 2 % par an, avec un recul plus rapide en Europe (- 5 % par an) et en Afrique (- 4 % par an).
Les rapporteurs attirent par ailleurs l'attention sur la fédération de Russie, qui est parvenue à diminuer le nombre de cas de 5 % par an sur la même période et le nombre de décès de 14 %. Depuis le début des années 2 000, 55 millions de vies ont été sauvées dans le monde.
Première cause de décès par agent infectieux
Pour autant, la fin de l'épidémie de tuberculose en tant que problème de santé publique majeur à l'horizon 2 035 (comme l'exigent les objectifs de la stratégie « end TB ») relève plus de « l'espoir » que de la « réalité » pour un grand nombre de pays, indiquent les auteurs dans leur conclusion. La tuberculose demeure une des 10 premières causes de décès dans le monde et la première cause de décès par un agent infectieux unique, devant les infections par le VIH.
Aucun pays dans le monde n'est épargné par la tuberculose, mais 8 pays concentrent 2 tiers des nouveaux cas : l'Inde, la Chine, l'Indonésie, les Philippines, le Pakistan, le Nigeria, le Bangladesh et l'Afrique du Sud. Par ailleurs, le continent africain concentre encore 72 % des cas de co-infections VIH/tuberculose.
Lors de la présentation du rapport, le Dr Tereza Kasaeva, directrice du programme global de lutte contre la tuberculose, inscrit la « réduction des inégalités d'accès au diagnostic et aux soins », comme un des principaux chantiers. Sur les 10 millions de nouveaux cas de 2 017, seulement 6,4 millions ont été officiellement notifiés, laissant donc 3,6 millions de malades non diagnostiqués. « Il faut surtout s'attaquer au grave problème de santé publique que représentent les tuberculoses multirésistantes, prévient le Dr Kasaeva. Seule une personne atteinte de tuberculose résistante sur 4 a accès aux traitements adéquats. Et ces derniers ne fonctionnent que dans 55 % des cas ! »
Le Dr Kaseva met aussi l'accent sur le besoin urgent d'augmentation du financement. « En 2 018, il manque 3,5 milliards de dollars (3 milliards d'euros) aux investissements dans la prévention et la prise en charge de la tuberculose dans les pays à revenus faibles et intermédiaires, explique-t-elle. Si nous ne faisons rien, ce manque de financement atteindra 5,4 milliards de dollars (4,6 milliards d'euros) en 2 020 et 6,1 milliards (5,2 milliards d'euros) en 2 022 ».
Une promesse à 13 milliards par an
Le 26 septembre prochain, une conférence de haut niveau sur la tuberculose sera hébergée par les Nations Unies. Les États membres y approuveront un plan mondial destiné à intensifier la lutte contre la tuberculose, et à faciliter l'obtention de médicaments à moindre coût. La réunion vise à lever 13 milliards de dollars par an pour mettre un terme à la pandémie d'ici 2 030.
Lors des négociations autour du plan, l'Afrique du Sud s'était opposée en juillet aux États-Unis. Celles-ci voulaient atténuer le langage de la déclaration visant à reconnaître un droit aux pays les plus pauvres de pouvoir accéder à des médicaments abordables.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature