Des antidépresseurs de prescription courante, les inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine, pourraient se révéler un traitement inattendu de l'anémie réfractaire à l'érythropoïétine (EPO), lors des syndromes myélodysplasiques de bas grade, suggère une étude de l'Institut Imagine.
L'équipe coordonnée par Francine Côté et le Pr Olivier Hermine, hématologue à l'hôpital Necker (AP-HP) explique dans « Cell » avoir découvert que la sérotonine est produite au sein de la moelle osseuse et joue un rôle fondamental dans l'érythropoïèse normale et dans la physiopathologie de l'anémie associée au syndrome myélodysplasique.
Des patients encore dépendants des transfusions
C'est un élément en faveur du concept de « systèmes microsérotoninergiques », où la synthèse locale joue un rôle fort, par rapport au point de vue traditionnel, où la sérotonine synthétisée dans l'intestin a des effets pléiotropes.
L’identification de mécanismes et de médicaments pour améliorer l'érythropoïèse inefficace dans les premiers stades du syndrome myélodysplasique est un enjeu médical. De nombreux patients restent réfractaires à l'EPO, le seul traitement étant alors le recours aux transfusions répétées.
La fluoxétine testée avec succès chez la souris
Dans leurs expériences, les chercheurs ont montré que la sérotonine contribue à l'érythropoïèse normale et que les souris déficientes en sérotonine présentent une anémie et un phénotype proche du syndrome myélodysplasique. In vitro, le déficit en sérotonine diminue la prolifération et la survie des progéniteurs érythroïdes, ont constaté les scientifiques. Enfin, l'équipe a montré chez la souris que la restauration pharmacologique de sérotonine, via la fluoxétine, permet de traiter l'anémie, qu'elle soit associée à un syndrome myélodysplasique ou pas.
Les expériences in vivo chez l'animal suggèrent ainsi que l'augmentation du taux de sérotonine, via un ISRS tel que la fluoxétine, « a le potentiel pour devenir une stratégie thérapeutique importante des anémies réfractaires à l'EPO dans les syndromes myélodysplasiques de bas grade », écrivent les auteurs.
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