J’ai commencé à exercer en 1975 en MG libéral par choix sachant que cela ne serait pas simple. n’ayant aucune aide familiale ou garant pour m’installer. Le hasard a voulu qu’un généraliste parisien m’a laissé le remplacer deux fois de suite. J’ai aussitôt compris que je ne voulais pas l’esclavage (8h-22h).
Sans parler du sentiment d’insatisfaction engendré par un travail trop rapide et superficiel. Mais, Dieu merci, j’ai survécu, très encouragée par la réceptionniste du cabinet qui trouvait que j’avais une bonne approche. Après maintes galères, je me suis installée en 1977 dans le XVe : cabinet dans un immeuble pourri, patientèle ingérable, changements de médecins incessants...
Premier constat au bout d’un an de travail avec les gardes de nuit du quartier : une vraie urgence médicale (crise de colique néphrétique), le reste n’étant que de la psy. Donc, le premier pôle de santé publique en ville, c’est la santé mentale (c’est toujours vrai aujourd’hui).
Ensuite, en secteur 1, impossible de vivre, sauf à faire des actes bidons et/ou répétés. De plus, le jeune médecin est guetté par les toxicos pervers de tout poil. Ma solution a été d’intégrer un groupe Balint, c’est à dure un groupe médico-psychologique, le mien était génial. J’ai pu passer en secteur 2 modulable, et « éduquer » mes patients. Par la suite, j’ai fait une thérapie personnelle pour ne pas mélanger ma « souffrance » et celle des patients et je me suis sentie plus à ma place et plus sereine. Tout cela a été compliqué.
J’ai investi du temps et de l’argent pour obtenir un certain confort de travail. L’Etat, et c’est son droit, n’a jamais eu une position très claire, puisque déjà en 1975, il s’agissait de « consommer de la médecine » avec toutes les dérives de prescription et la toxicomanie « légale » remboursée par la Sécu. Je regrette que les médecins de ma génération n’aient pas eu le courage de passer massivement en secteur 2 pour entamer avec l’Etat un vrai dialogue.
Car tout, finalement, n’est affaire que de gros sous. Savez-vous que pour mon cabinet (loyer et charges sociales), il faut 24 à 25 C par jour. A Paris, les loyers sont chers et majorés en tant que loyers professionnels. De plus, durant les vacances scolaires et les ponts, Paris devient une ville morte. En conclusion, je crois que nous sommes tous dans la même m..., le même découragement, sans horizon clair pour la suite.
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