Théâtre

Un Harpagon prodigue de ses talents

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Publié le 14/04/2022
Jérôme Pouly et Jean Chevalier dans L'Avare, Salle Richelieu, mars 2022

Jérôme Pouly et Jean Chevalier dans L'Avare, Salle Richelieu, mars 2022
Crédit photo : © Brigitte Enguérand, coll. Comédie-Française

Pour le 400e anniversaire de la naissance de Molière, Harpagon s'est mis au vert. Et s'est installé en Suisse là où les pelouses sont taillées au cordeau et les taux d'intérêt à la hauteur de la réputation du pays. Mais respirer un air pur n'est pas toujours un gage de santé mentale. Harpagon est ici victime de tocs. Il n'a d'ailleurs pas pris soin de consulter un psychanalyste au bord du lac Léman. Ce qui aurait soulagé sa famille mais nous aurait privés d'un chef-d’œuvre. Lilo Baur, jeune metteuse en scène suisse, ce qui explique un peu cela, nous livre une version pleine de couleur et de fantaisie loin du regard crépusculaire d'autres représentations de l'Avare. Mâtiné un peu de Louis de Funès, Laurent Stocker campe un Harpagon dont le comique est d'abord visuel et passe en un instant de l'être raisonnable à un patient victime d'un dérèglement de l'esprit. Vertigineux !  Quant à la délicieuse Françoise Gillard, elle joue ici une entremetteuse, femme fatale, à court d'argent mais jamais de bons mots. Quant à la fin, on ne dira rien bien sûr si ce n'est qu'il relève de l'acte manqué et retourne le happy end un peu trop hollywoodien. Il y a sûrement des trésors cachés au fond du lac Léman. Mais pour interpréter Molière, la troupe de la Comédie-Française est bien un trésor vivant. 

 

L'Avare de Molière Comédie-Française, salle Richelieu, jusqu'au 24 juillet en alternance.


Source : lequotidiendumedecin.fr