En ce moment, je suis un auteur bien embarrassé, car je vais me montrer illogique et en contradiction avec moi-même. Nous avons consenti, sans enthousiasme, mais sans murmure, au mariage entre une jeune fille et un mutilé, un estropié d'une catégorie spéciale donc, la logique et la suite dans les idées nous engagent à accepter les termes retournés de cette proposition, c'est-à-dire l'union d'un homme valide avec une femme « détériorée ». Pourtant je ne la conseille pas, et, chose humiliante pour mon esprit et mon caractère, je ne puis fournir aucune excellente raison, aucun motif solide, à l'appui de ma versatile opinion.
C'est vraiment pénible. Il n'en est pas moins vrai que nous nous figurons mal une épousée manchote ou munie d'une jambe de bois. Je crois qu'en cherchant bien nous trouverions au fond de tout cela quelqu'une de ces corrections apportées par l'esprit aux choses de la matière. La pensée de leur origine embellit les cicatrices, les mutilations d'un courageux blessé et redresse ses difformités. Pensée absente quand il s'agit des femmes.
Raisons de sentiment, dira-t-on, et non pas arguments de pratique positive, j'en conviens. Mais, toutes de sentiments qu'elles soient, hélas ! Elles me suffisent. J'ai tout lieu de croire qu'elles suffisent aussi aux jeunes aspirants à l'hyménée.
(Dr Jacques Nattus, « Hygiène des fiancés », 1893)
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