Les résultats d’une équipe française

Un modèle d’étude de l’anxiété et de la dépression

Publié le 15/07/2009
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DENIS DAVID et coll. (Université Paris-Sud), en collaboration avec une équipe américaine dirigée par le Pr René Hen (Columbia University, New York), ont mis au point un modèle de souris présentant un état anxiodépressif induit par un traitement chronique par de la corticostérone (CS), les souris « CORT ». On sait que l’administration chronique de CS induit une inhibition de la neurogenèse hippocampique. Et l’imagerie a montré une corrélation entre la durée d’un épisode dépressif et une réduction du volume de l’hippocampe.

En faisant prendre à des souris de la CS dans l’eau de boisson, pendant 4 semaines, on obtient un phénotype anxieux et dépressif. Ce phénotype est caractérisé notamment par une batterie de tests comportementaux mettant l’animal face à de nouveaux environnements ou situations de conflits.

Une fois le modèle validé, on donne une molécule efficace chez les humains, telle la fluoxétine, dans l’eau de boisson. Le produit inverse le phénomène anxio-dépressif induit.

La neurogenèse est affectée.

On a recherché les mécanismes impliqués au niveau de l’hippocampe, structure connue pour participer à la réponse au stress. La neurogenèse chez l’adulte (nouveaux neurones et astrocytes) qui est affectée pendant les épisodes dépressifs, reprend sous l’effet de la fluoxétine. Ce qui est montré dans le modèle : la neurogenèse chez ces souris adultes est réduite par la prise de CS et la fluoxétine inverse cet effet. Des cellules progénitrices non différenciées se multiplient au niveau du gyrus dentelé de l’hippocampe pour former ensuite soit des astrocytes, soit des neurones.

La littérature a montré que d’autres mécanismes étaient aussi impliqués dans la physiopathologie de la dépression et dans la réponse aux antidépresseurs. Ainsi, l’étude des souris CORT confirme la diminution de l’expression du gène de la bêta-arrestine 2 dans l’hypothalamus, avec la normalisation sous traitement. Le modèle va permettre d’étudier plus avant l’expression de la bêta-arrestine 2 dans l’hypothalamus dans les troubles anxio-dépressifs ainsi que dans les troubles bipolaires.

Neuron n° 62, 28 mai 2009, pp.453-455.

Propos recueillis auprès du Dr Denis DAVID par le Dr BÉATRICE VUAILLE

Source : lequotidiendumedecin.fr